Politique nationale-Dévaluation du FCFA, construction de la mosquée du Plateau et de plusieurs écoles : Tidjane Thiam, le roi des contradictions

Le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, n'est pas à une contradiction près. En effet, le successeur d’Henri Konan Bédié n'accorde pas beaucoup d'importance à la cohérence de ses propos. La contradiction? Ce n'est pas une gêne pour lui. Il en est même le roi. Ainsi, au lendemain de sa radiation de la liste électorale, il a accordé une interview au journal le Monde Afrique où il déclarait qu’il est très attaché à son pays. Raison pour laquelle, a-t-il précisé : “ en 1994, j'ai tout lâché pour devenir ministre d'une Côte d'Ivoire qui venait de subir 50% de dévaluation’’. Tidjane Thiam a menti. Car, en 1994, il est nommé directeur général du Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD). C'est quatre ans plus tard, notamment en 1998, qu’il devient ministre de la Planification et du Développement. Il n’était donc pas ministre en 1994 mais en 1998 c'est-à-dire un an avant le coup d'État de décembre 1999 qui a évincé le Président Henri Konan Bédié du pouvoir. Mais, cette contribution n'est en aucun cas une gêne pour lui. Au contraire, il s'est abonné à ses déclarations mensongères et manipulatrices. C'est pourquoi, il n’a pas eu de gêne à s’attribuer la paternité de l’opération de dévaluation du franc CFA.
“J'ai fait une dévaluation de 50% du franc CFA en Côte d'Ivoire. Les gens l’ont accepté. On a fait 6% de croissance. Parce qu’on a dit la vérité aux gens. On a sensibilisé les gens. On ne réussit rien en se cachant”, a-t-il affirmé. Deuxième mensonge. Car, parmi les véritables acteurs ivoiriens de cette dévaluation qui a eu lieu en janvier 1994, on retrouve feu Charles Konan Banny alors gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Alassane Ouattara, qui en tant que Premier ministre de la Côte d'Ivoire jusqu'en 1993, a joué un rôle déterminant dans la préparation de l’opération, et Daniel Kablan Duncan qui a signé la déclaration officialisant la dévaluation.
Tidjane Thiam n’apparaît nulle part dans les documents officiels liés à cette décision prise par les chefs d’État de la zone UEMOA en concertation avec la France et le Fonds monétaire international (FMI) et mise en œuvre par la BCEAO. D’où vient-il qu’il revendique la paternité de cette opération? La question mérite d’être posée. Car, tout le monde sait que Tidjane Thiam n’a pas eu de rôle officiel ni dans la préparation ni dans la mise en œuvre de la décision de dévaluation visant à redresser le déclin économique que vivaient les pays de la zone franc.
Troisième mensonge: la construction de la mosquée du Plateau. “Cette mosquée occupe une place importante dans mon cœur. En 1996, j'ai passé trois mois pour lever le financement de cette mosquée. Elle a été financée des dons que j'ai obtenus de la fondation Al Nahyane d’Abu-Dhabi. J'ai ensuite passé trois années à bâtir cette mosquée qu’on a entièrement construite et décorée. C'est la seule mosquée que j'ai eu le privilège de construire dans ma vie”, a déclaré Tidjane Thiam le 10 avril 2024, juste après la prière d’Aïd al fitr. Cependant, les Ivoiriens sont témoins de la genèse de cette mosquée dont la construction a connu des interruptions. Quand Tidjane Thiam partait de la Côte d'Ivoire après le coup d'État de 1999, la mosquée n’était ni achevée ni décorée. C'est en novembre 2015 que le royaume de l’Arabie Saoudite a signé une convention portant sur un don de 7 millions de dollars pour l’achèvement de travaux de construction de la mosquée « Salam» du Plateau. Paraphée par Bamba Cheick Daniel, alors directeur de cabinet du défunt ministre de l'Intérieur, Hamed Bakayoko et l’ambassadeur du Royaume d’Arabie Saoudite, SEM Saud Ibn Saad al Thobaiti, cette convention prévoyait le financement de l’achèvement de la mosquée de Plateau dont la construction a débuté en 1996.
Au nom du gouvernement ivoirien, Bamba Cheick Daniel a remercié les autorités saoudiennes pour leur acte qui venait, selon lui, « clore le chapitre d’un chantier qui est revenu sur la table de tous les ministres de l'Intérieur des 20 dernières années ». Voici la vérité et rien d'autre.
Lacina Ouattara