Confédération africaine de football : La CAN U20, la Côte d’Ivoire n’en veut plus

Confédération africaine de football : La CAN U20, la Côte d’Ivoire n’en veut plus
La décision de la Côte d'Ivoire de se retirer de l'organisation de la CAN U20 pourrait potentiellement impacter les relations entre le président de la CAF, Dr Patrice Motsepe, et le président ivoirien, SEM Alassane Ouattara. (Ph DR)

Un revers important pour la Confédération africaine de football (CAF). Alors que la Côte d’Ivoire devait accueillir la Coupe d’Afrique des Nations des moins de 20 ans (CAN U20) du 26 avril au 18 mai 2025, le pays a finalement renoncé à l’organisation de la compétition. Cette décision du gouvernement ivoirien, rendue publique le mardi 25 mars, au lendemain de la victoire des Éléphants face à la Gambie (1-0, 6e journée du groupe F, Ndlr) en éliminatoires de la Coupe du monde 2026, constitue une déception majeure pour la Fédération ivoirienne de football (FIF) et la CAF.

« Par la présente, le président Yacine Idriss Diallo, président de la FIF, président du COCAN U20 vous informe que, par courrier officiel, le Gouvernement a notifié à la Fédération ivoirienne de football (FIF) le désistement de la Côte d’Ivoire en tant que pays hôte de la Coupe d’Afrique des Nations U20. Conformément aux instructions du président de la FIF, le directeur exécutif a transmis cette information au secrétaire général de la Confédération africaine de football (CAF), ce mardi 25 mars 2025. Le président tient à exprimer sa profonde gratitude à chacun pour son engagement et le travail accompli dans le cadre de l’organisation de cette compétition et vous rassurer que chacun sera informé des suites que la CAF donnera à cette situation », peut-on lire dans une note adressée aux membres du comité d’organisation de la compétition et dont les médias ont reçu copie. Alors que le comité en charge de l’organisation a été présenté au ministre délégué en charge des Sports, le 5 mars 2025, le désistement du pays des Champions d’Afrique 2023 reste surprenant. Surtout que la Côte d’Ivoire s’est lancée dans une grande offensive diplomatique sportive.

Les raisons précises de ce revirement restent encore inconnues. Le gouvernement ivoirien ne s’est pas encore exprimé officiellement sur le sujet. Toutefois, cette renonciation oblige la CAF à trouver rapidement un nouveau pays organisateur, à un mois seulement du coup d’envoi. Une complication significative pour l'instance dirigeante du football africain, compte tenu de l'importante logistique nécessaire pour un tel événement.

 

FIF, opérateurs économiques, tous perdants

Pour la fédération nationale de football, c’est également un coup dur. Désignée pays hôte en décembre 2024, la Côte d’Ivoire fondait de grands espoirs sur cette compétition. À l’image de l'équipe senior, sacrée championne le 11 février dernier à Abidjan, la FIF entrevoyait un succès similaire pour sa sélection U20. Dans cette optique, l’ancien sélectionneur des Comores, Younes Zerdouk, avait été nommé à la tête de l'équipe U20. Au travail depuis plusieurs semaines, les jeunes Ivoiriens ont montré des performances encourageantes lors de quatre rencontres amicales face au Nigeria (0-2, 2-0) et au Liberia (2-1 ; 6-1). Ce technicien franco-marocain, qui a également dirigé la sélection nationale A des Comores et le club égyptien Wadi Degla, s’efforce de construire une équipe compétitive, capable de rivaliser avec les meilleures nations du continent, de décrocher une qualification historique pour la Coupe du Monde U-20 au Chili et de préparer la relève des Éléphants. Malheureusement, cette ambition est compromise par la décision de l’État ivoirien de ne plus honorer son engagement envers la CAF.

Cette décision constitue une première sous la présidence d’Alassane Ouattara. Depuis son arrivée au pouvoir en 2011, le chef de l’Etat a constamment cherché à améliorer la réputation du pays sur la scène internationale. L’organisation réussie de l’Afrobasket 2013, de la Coupe du monde de taekwondo, de la finale des Grands Prix de taekwondo, des Jeux de la Francophonie 2017, et plus récemment de la CAN 2023, témoigne du respect de la parole donnée et des engagements pris par la Côte d’Ivoire. Dès lors, la question se pose : qu’est-ce qui a pu motiver ce changement de décision après un engagement initial ?

On se souvient encore des recommandations formulées par le ministre délégué en charge des Sports lors de la présentation du comité d'organisation de la CAN U20. Selon Adjé Silas Metch, ce comité devait répondre à plusieurs exigences : assurer une organisation irréprochable et faire de cet événement une célébration populaire qui reflète les progrès du football ivoirien. Les villes de Bouaké, Korhogo et Yamoussoukro avaient même été désignées pour accueillir les matchs. Des engagements avaient également été pris par des acteurs économiques pour soutenir financièrement cette compétition continentale. Ce désistement représente donc des investissements potentiellement perdus pour tous ces partenaires.

 

L’Egypte au secours, la Côte d’Ivoire à la sanction

A un mois du début de la CAN U20, la CAF n’a pas mis du temps à trouver preneur pour le tournoi des U20. Sur son site, l’instance africaine déclare attribuer l’organisation à l’Egypte. « La Confédération africaine de football (CAF) a attribué à l'Association égyptienne de football (EFA) et au gouvernement égyptien les droits d’organisation de la Coupe d'Afrique des Nations U20 CAF TotalEnergies 2025. Cela fait suite à la décision de la Fédération ivoirienne de football (FIF) et du gouvernement de Côte d'Ivoire de se retirer de l’organisation du tournoi, en raison de circonstances imprévues », communique la CAF. Et de préciser que « l’EFA et le gouvernement égyptien avaient précédemment soumis une candidature pour accueillir la Coupe d'Afrique des Nations U20 CAF TotalEnergies 2025 ». Après donc la volte-face de la Côte d’Ivoire, les juniors africains seront donc au pied des pyramides. Le match d'ouverture se jouera le dimanche 27 avril 2025 et la finale, le 18 mai 2025.

Toutefois, la décision du gouvernement ivoirien pourrait avoir des conséquences négatives pour le football du pays. Elle risque de détériorer les excellentes relations entretenues jusqu'à présent entre la Côte d’Ivoire et la CAF qui, de toute évidence, se sent lésée. Outre l'impact diplomatique non négligeable, les aspects financiers et sportifs seront également affectés. Des sanctions financières pourraient être imposées, et la sélection U20 ivoirienne doit s’attendre à une suspension pour les deux prochaines éditions du tournoi continental.

OUATTARA Gaoussou