Côte d'Ivoire : Ouattara et Thiam, deux profils totalement différents !

Dans une interview fleuve accordée au journaliste d’origine camerounaise, Alain Foka, pour son média en ligne, AFO Media, le très controversé président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, s’est fendu - avec une arrogance et un égocentrisme non feints - de déclarations- pour le moins- surréalistes et sulfureuses. Sans la courtoisie qui caractérise d’ordinaire les hommes responsables, il a tiré à boulets rouges sur tous ceux qui contrarient, avec objectivité du reste, son ambition démesurée de présider aux destinées de la Côte d’Ivoire ; un pays qu’il avait effacé de son logiciel… pendant 23 ans ! Sans y mettre le pied durant plus de deux décennies.
Bref, au micro d’Alain Foka, Tidjane Thiam s’est présenté, avec condescendance, comme un super intelligent, que personne ne peut égaler en Côte d’Ivoire. Et au détours de leur entretien, il a osé dire au journaliste de ne pas le comparer – lui, le manager des CEO qui émarge à 20 millions d’euros par an - à un fonctionnaire international du FMI (Fonds monétaire international) rémunéré 500 000 dollars l’année, allusion faite implicitement au Président Alassane Ouattara qui fut cadre puis directeur général adjoint du FMI.
Oui, M. Thiam, vous avez bien raison ! Car, M. Ouattara et vous avez deux profils totalement différents. Et ce n’est pas le poids du porte-monnaie qui fait la différence, mais la charge et l’importance de la fonction occupée. Au FMI, Alassane Ouattara était un économiste et banquier de développement. La mission de cette institution est de promouvoir la coopération monétaire internationale, assurer la stabilité financière, faciliter le commerce international, favoriser un niveau élevé d'emploi et une croissance économique durable, et réduire la pauvreté. Spécifiquement, le FMl analyse l'évolution économique à l'échelle mondiale et de chaque pays membre pour identifier les risques et les déséquilibres. Ainsi, Alassane Ouattara, durant sa brillante carrière au FMI, a redressé les économies de nombreux pays dans le monde, en leur apportant une aide technique afin de renforcer leurs capacités institutionnelles et leurs politiques économiques. Et aussi en permettant aux Etats ayant des difficultés de balance des paiements ou des problèmes de dette extérieure, de bénéficier de prêts afin de stabiliser leur économie. En clair, il a sauvé beaucoup de pays de la banqueroute et plusieurs chefs lui en sont encore reconnaissants aujourd’hui. Au FMI, on ne vient pas pour ramasser des millions de dollars, mais plutôt pour faire œuvre utile à la communauté. Tout le contraire d’un ingénieur qui s’est glissé, dans la peau d’un banquier d’affaires, pour des intérêts personnels avec pour seul objectif de faire du profit. Rien que le profit.
Disons-le tout net, gérer un Etat, ce n’est pas gérer une entreprise fut-elle une multinationale. Les exigences ne sont pas les mêmes. Tout comme la force du travail ou encore le niveau de responsabilité. Etre un bon CEO, encore faut-il que l’entreprise ne s’écroule après votre départ, à l’image de Credit Suisse, ne fait pas de vous facto un bon dirigeant d’un pays. M. « Premier partout » devrait au moins le savoir. Lui qui est si intelligent ! De toute évidence, en dépit de son pedigree ronflant, Tidjane Thiam n’est pas – et ne le sera jamais – un clone d’Alassane Ouattara. L’un est juste un manager qui ne connaît que l’univers des entreprises. L’autre est un grand homme d’Etat qui coache des chefs d’Etat, avec une maîtrise des politiques publiques. Tidjane Thiam est donc très loin d’avoir le profil d’Alassane Ouattara.
Puisse l’orgueil du président du PDCI, même s’il a fait Polytechnique, en souffrir énormément…
Y. Sangaré