Interview-Habib Sanogo (SN du RHDP en charge de la propagande) : « Pourquoi nous devons continuer avec le Président Ouattara en 2025 »

Il n’a pas sa langue dans la poche. Avec son franc-parler, Habib Sanogo, secrétaire national du RHDP en charge de la propagande, se prononce sans détours sur les sujets brûlants de l’actualité politique : candidature du Président Ouattara 2025, révision de la liste électorale, le PDCI de Tidjane Thiam, le PPA-CI de Laurent Gbagbo, Guillaume Soro… Aussi livre-t-il les clefs d’une victoire dès le 1er tour du scrutin présidentiel de sa formation politique.

Interview-Habib Sanogo (SN du RHDP en charge de la propagande) : « Pourquoi nous devons continuer avec le Président Ouattara en 2025 »
Sanogo :


Le Patriote : A 14 mois de l'élection présidentielle, les populations ivoiriennes sollicitent avec insistance une candidature du président de la République. Que pensez-vous de cette démarche ?
Habib Sanogo : Merci de l'opportunité que vous m’offrez pour me prononcer sur les points d'actualité. Concernant votre question, je pense qu’aujourd’hui le bilan du président plaide pour lui, la situation sous-régionale plaide pour lui, la situation internationale avec la crise russo-ukrainienne plaide encore pour lui avec les incertitudes même en France. Tout cet environnement lié à la stabilité de notre pays, à l’émergence tant souhaitée par les Ivoiriens, à tous les grands sentiers que le président de la République a débutés et achevés, à ceux encore qui sont en cours notamment le BRT, le train urbain, la tour F ainsi de suite, je crois qu’avec tous ces sentiers, il est de bon aloi que tout Ivoirien lucide puisse demander que le Président de la République Alassane Ouattara continue l’œuvre.

LP: Personnellement, êtes-vous à fond à 100 % pour une candidature du président de la République ?
HS: Quand vous me posez la question, c'est comme si vous pensez que j'ai des doutes. Je n’ai aucun doute. Si ça ne tenait qu'à moi, il y a bien longtemps que le président aurait déclaré sa candidature. En tout cas, nous travaillons inlassablement pour que cela soit. Nous avons tous les arguments, nous sommes engagés et je pense que nous ne sommes pas seuls à être engagés. Tout le parti est engagé et pratiquement la grande majorité des Ivoiriens le souhaite.

LP : Mais, une partie de l'opinion pense qu'il est temps que le président passe la main à un candidat plus jeune. Qu’est-ce que vous en pensez ?
HS : Vous savez, tout près de nous, on a l'expérience du Sénégal. Parce que quand vous n'êtes pas préparés à affronter ce genre de situation, souvent ça perturbe. Et aujourd'hui la configuration de notre grand parti est telle qu’aujourd’hui tout le monde est favorable à une candidature du Président de la République, Alassane Ouattara.  Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'autres cadres. Mais je pense que personnellement dans le contexte actuel c’est le président qu'il nous faut pour pouvoir donc aller à la bataille.

LP: Parmi les arguments avancés, certains évoquent la paix retrouvée, le développement harmonieux  du pays. Selon vous, quel autre chantier devrait cristalliser l'énergie du président pour les 5 prochaines années ? 
HS : Je pense qu'il y a l'industrialisation. Il faut qu'on passe à l’autre étape. Le président a déjà lancé les prémices. Nous devons passer à l’autre étape du développement dans le développement et à la stabilité. On a le développement, on a une croissance qui est toujours permanente et positive. Il faut maintenant passer à la deuxième phase pour que nous puissions avoir une capacité vis-à-vis de nos partenaires sur la production des produits agricoles, notamment, le café, le cacao et l'anacarde.  Il est bon qu'on enclenche ce sentier pour que nos braves paysans puissent bénéficier du fruit de leurs labeurs. 

LP: L’opposition  estime que s’il est vrai que les réalisations du Président de la République Alassane Ouattara plaident en sa faveur, il est aussi vrai que son bilan social est un échec. Que répondez-vous ?
HS: Aujourd’hui la situation des Ivoiriens est bien meilleure qu’il y a quelques années. Il ne faut pas qu’on se le cache.  Vous savez, en général, quand les gens parlent, ils ne voient pas souvent ce qu'on appelle l'économie induite. Moi qui viens de Sifié à 580 km d'Abidjan, avant quand j'allais au village, j'avais à payer 200.000 à 250.000 francs de carburant à cause de l'état de la route.  Aujourd'hui avec le bitume, je suis à 150 000 FCFA de carburant. C'est un gain. Mes pneus, je les renouvelais chaque 3 mois. Aujourd'hui, c'est pratiquement chaque 9 mois ou bien souvent un an. C'est un gain. Par ailleurs, il ne faut pas se le cacher, avec l’augmentation chaque 2 ans du salaire des fonctionnaires, le 13e mois, on vient encore d'annoncer une prime spéciale pour les retraités. 
Aujourd’hui, contrairement à tout ce qu'on pense, la vie est meilleure en Côte d'Ivoire. Car, quand vous sortez du pays, juste à côté de nous, l'inflation est exponentielle contrairement à ici. Avec l'électrification de pratiquement tout le pays, l'adduction en eau potable… l’Ivoirien est un peu plus heureux. Aujourd’hui tout le monde va au village.  Avant c'était difficile parce qu’il n’y avait pas de routes, il n'y avait pas d'infrastructure.  Aujourd'hui quand vous arrivez dans nos villages, vous avez l’internet, vous avez l’eau potable, vous avez l'électricité…C'est ce qu’on appelle le développement. Aujourd'hui, si vous remarquez bien, il y a moins d'exode des populations vers les grandes villes.  C'est important de le dire. La ville de Bouaké par exemple a retrouvé tout son lustre d’antan alors qu’elle était une ville sinistrée il y a quelques années. Et ce développement, c'est partout. Que ce soit l’Est, à l'Ouest… Sauf à être aveugle, il faut reconnaître que les choses vont bien. Il n'y a pas de risques sur les salaires, il n'y a pas de risque de déflagration sociale et il y a une trêve sociale. Vous pensez qu’on peut acheter tous les syndicats ? Non. C'est parce que quelque part ce qu'on leur propose est satisfaisant. En plus, ils voient la réalité en face. Il y a le SMIG qui est passé aujourd'hui à 75 000 FCFA. On ne peut donc pas dire que le volet social de l’action du gouvernement est un échec. 
Avant nous, les gens étaient dans des agoras, on leur partageait de l'argent. Sans travailler, ils avaient des ressources. L'Ivoirien nouveau du président de la République, c'est que chacun se lève pour aller chercher sa pitance. Toutes les infrastructures, tous les mécanismes sont là pour aider à cela. On a par exemple l’Agence emploi jeune. Combien sont-ils les jeunes qui se présentent devant les guichets de cette agence ? On ne peut pas quand même aller les tirer de leurs domiciles pour leur donner du travail. Chaque année, ce sont au moins 10.000 emplois qui sont offerts par la Fonction publique, parfois c’est le double le double. Au dernier dernier concours de l'INFAS, ce sont 10 000 emplois créés dans la santé. Il y a de grands CHR qu’on construit à travers le pays. Aujourd'hui les populations n’ont plus besoin de se déplacer pour se faire soigner. Avant vous aviez un malade et des accompagnateurs que vous deviez supporter à Abidjan. Aujourd'hui, les gens peuvent se soigner sur place. Ce sont des choses tangibles que certaines personnes refusent de voir. Il y a vraiment un mieux-être pour l’ivoirien aujourd'hui.

LP : L’opposition vous rétorquera que le coût de la vie est cher en Côte d'Ivoire et que le gouvernement a de la peine à réduire le prix des produits? Que répondez-vous ?
HS: Pour nous qui avons eu la chance de faire un peu d’études en économie, c'est la loi de l'offre et de la demande. Quoique le gouvernement subventionne beaucoup de denrées. Sinon on ne serait pas à ce niveau. La vraie question se pose sur notre mode de consommation. Est-ce qu’aujourd'hui l'Ivoirien est prêt à consommer ce qu’il produit ? Parce que même le riz local semble plus cher que le riz importé. Il y a un problème. Je pense que ça fait partie des sentiers qu'il faut intensifier notamment la production vivrière. Si on arrive à l'auto-suffisance sur un certain nombre de denrées, cela va nous aider. Il y a aussi la conservation des denrées. Dans ce sens, je pense qu’il va falloir améliorer nos techniques agricoles. Il faut faire en sorte que le pays soit autosuffisant en matière de denrées de grande consommation.

LP: Malgré cette embellie économique, l'opposition continue d’attaquer. Elle parle de corruption, de détournements massifs et d’enrichissement illicite des cadres du RHDP…
HS:  Il y a un effort pour endiguer ces fléaux. Aujourd'hui, il existe des institutions pour lutter contre ces fléaux contrairement à une certaine époque. Le gouvernement a mis en place la Haute autorité pour la bonne gouvernance, le Pôle financier pénal, la Cour des comptes… Quand on crée tous ces instruments, c'est qu’on a un objectif. Pour le moment, on est dans la sensibilisation. Il va arriver un moment où les mesures seront beaucoup plus dures.  Tout le monde est en alerte et que chacun se rend compte qu’il faut maintenant faire attention parce qu’à tout moment, on peut être épinglé. Alors qu'avant c'était l'impunité totale. Il faut donc apprécier ce qui est déjà fait.

LP : Nous sommes déjà à la première étape de l’élection présidentielle qui est la révision de la liste électorale annoncée pour bientôt. Comment préparez-vous cette échéance ?
HS: Nous sommes habitués à cette opération. Nous sommes une machine électorale depuis les années du Rassemblement des Républicains (RDR). Nous avons remporté toutes les élections auxquelles nous avons participé. Mais, aujourd'hui, il y a de nouveaux enjeux. Ce qui nous préoccupe, c'est de remporter l’élection au premier tour. C’est pour cela que déjà nous avons anticipé les choses avec l’opération e-militant pour pouvoir connaître la base de nos militants et aller à la conquête des autres populations, notamment nos sympathisants. Tout le travail qui a été fait  sur l'ensemble du territoire, nous permet de demander aux uns  et aux autres de continuer à nous faire confiance. Les nouveaux majeurs ont été déjà profilés.  Il suffit maintenant de les amener à s’inscrire sur la liste. 

LP: Vous semblez très optimiste pourtant l'année dernière le parti s'était fixé l’objectif de faire enrôler 1 million de militants. Ce qui n'a malheureusement pas été atteint. Qu'est-ce qui fonde votre optimisme ? 
HS : Les choses ont changé. Il y a deux ans on avait les délégués, les secrétaires départementaux ; aujourd'hui le parti a amélioré l'encadrement des militants avec les coordinations principales, régionales et départementales. Dans ces coordinations, il y a l'ensemble des élus et des cadres et sympathisants du parti. Donc vous voyez qu’ on va ratisser large. Cette organisation va booster l’opération. Ce ne sera pas seulement les départementaux qui seront chargés de cette tâche mais tous les militants ou sympathisants. C'est ce qui fonde mon optimisme.

 

LP : L’opposition demande la réforme de la CEI et un audit de la liste électorale. Quelle lecture faites-vous de ces revendications ?
HS : Vous savez, l’opposition est dans son rôle. Quand elle gagne les élections, c’est la CEI qui les organise. Quand elle perd les élections, c’est la même CEI qui les organise mais ils l’accusent d’être un partenaire objectif du pouvoir. A un moment donné, il faut qu’on soit sérieux. Tous les partis politiques, du moins les plus significatifs du pays, sont représentés à la CEI. La démocratie a ses règles. On ne peut être démocrate le matin et rejeter la démocratie le soir. Quand vous êtes minoritaire dans une instance, il faut l’accepter. Chaque parti a désigné, en fonction de ses aspirations, ses représentants à la CEI. Ce sont des intellectuels, des personnes responsables. D’ailleurs, quand la CEI donne les résultats d’un scrutin, il n’y a pas de souci. C’est l’interprétation qu’en font les partis politiques qui pose problème. Pour moi, ces revendications sont infondées. Face au bilan inattaquable du Président Ouattara, ces opposants n’ont pas d’arguments. 

LP : Mais que répondez-vous au PPA-CI qui dit que si Gbagbo n’est pas inscrit sur la liste électorale, il n’y aura pas d’élections en Côte d’Ivoire ?
HS :  Sur le Président Laurent Gbagbo, il y a beaucoup à dire, mais je ne vais pas aller trop loin. Je vais donner quelques éléments. Il a bâti toute sa carrière sur l’histoire. Aujourd’hui, il se prend pour Nelson Mandela. Il sort de prison, il laisse son épouse. Il prend une autre femme et demande cinq ans, comme Mandela. Sauf qu’il n’est pas Mandela. Il pense que pour faire vaciller le président de la République, le candidat du RHDP, il faut qu’il arrive à conquérir une partie du Nord. Il abandonne son fils du Sud qui est Blé Goudé pour s’attacher son fils du Nord, Guillaume Soro. Normalement, s’il y a une personne dont Gbagbo ne doit pas faire la publicité, c’est bien Guillaume Soro puisqu’il a été l’objet de l’attaque de son pouvoir en 2002. Tout le monde peut défendre Soro sauf lui. Mais, pourquoi le fait-il ? Parce qu’il recherche quelque chose. Séduire l’électorat du Nord. De plus, quelle est aujourd’hui la plus-value que Gbagbo a eue depuis qu’il a quitté le pouvoir en 2011 ? Qu’est-ce qu’il va apporter à la Côte d’Ivoire ? Les Ivoiriens ne peuvent pas être punis deux fois pour la même faute. En fait, Laurent Gbagbo est dépassé par les événements. Et le PPA-CI le sait très bien. Le fait qu’il s’accroche à lui est un baroud d’honneur. Il y a quelques mois, en Afrique du Sud, l’ancien président Jacob Zuma n’a pas fait acte de candidatures aux législatives à cause d’une condamnation de 6 mois. Pourtant, son parti est arrivé en 3ème position. On ne peut pas lier le destin de notre pays à une personne, fut-il Laurent Gbagbo. Depuis 1990, il est acteur de tout ce qu’il y a eu comme difficultés dans notre politique. En 1990, il a traité Houphouët-Boigny de voleur, et deux ans plus tard, il a organisé une marche qui a donné lieu à des actes de vandalisme. Il faut que ça s’arrête. Le PPA-CI ne peut effrayer quelqu’un. Qu’il évite de réveiller le caïman. On se connaît dans ce pays. Il ne faut pas qu’on joue à se faire peur. 

« Tidjane Thiam n’a pas la capacité de gérer la Côte d’Ivoire »

LP : De l’autre côté, il y a Tidjane Thiam. Il ne vous effraie pas ? 
HS : Sa volonté de faire acte de candidature à la prochaine présidentielle me surprend. Je rappelle qu’il était membre du gouvernement qui a durci les conditions d’éligibilité sous le régime du Président Bédié avec la conjonction « et », en exigeant que le candidat soit né de père et mère ivoiriens et non de père ou mère ivoiriens. Sa candidature est donc le fruit de notre combat. Tout le monde peut s’opposer à nous, sauf lui. Il a intérêt à regagner la maison. Personnellement, je ne crois pas qu’il connaisse totalement les réalités de ce pays, après avoir été absent pendant 24 ans. Je me demande s’il sait où se trouve Abobo ou Koumassi. Je ne sais comment en quatorze mois il pourra rallier les Ivoiriens à sa cause. Je ne suis pas convaincu qu’il ait toute la capacité pour gérer notre pays. Sa gestion de  Prudential et Credit Suisse ne s’est pas bien passée. Je pense qu’il doit être un peu humble. Avoir dirigé ces entreprises ne suffit pas. Il faut être dans l’appareil. On ne peut pas gérer un pays comme une entreprise. Et contrairement à ce que pensent ses partisans, son parcours est totalement à l’opposé de celui du président de la République qui a travaillé pour des institutions : FMI, BCEAO… Il a été aussi Premier ministre, ce qui lui a permis de s’imprégner de la gestion d’un pays. On sait tous comment Alassane Ouattara a relevé le pays en 2011 sous Houphouët-Boigny. Mais, Thiam, quelle expérience a-t-il ?  

LP : Mais, il est adossé à un parti historique comme le PDCI-RDA…
HS : Le PDCI a quitté le pouvoir  il y a combien d’années ? Bientôt 24 ans. S’ils étaient si forts, ils n’auraient pas passé tout ce temps dans l’opposition. Même leur bastion semble leur avoir échappé, suite à la progression du RHDP. La prédiction que Djéni Kobina a faite pour eux s’est réalisée. D’ailleurs, je pense que Tidjane Thiam a cassé la machine en faisant table rase de la vieille garde, des gens d’expérience comme Maurice Kakou Guikahué. 

LP :  Une union des partis de l’opposition suite à l’appel de Gbagbo à Bonoua ne risque-t-elle pas de compliquer la tâche au RHDP ?
HS : Croyez-vous sincèrement à cette alliance de l’opposition ? Moi, non. En 1995, Laurent Gbagbo a créé, avec le RDR, le Front républicain, mais nous savons comment ce projet s’est terminé. En 2000, il a créé le Front patriotique avec le PDCI, qu’est-ce que cela a donné ? En 2010, il a mis sur les fonts baptismaux La majorité présidentielle (LMP). Qu’a donné cette union ? Rien ne l’arrange tant que ce n’est pas lui. Et puis, quels sont les partis qui ont répondu à son appel ? Des formations politiques sans épaisseur, pour ne pas dire insignifiants sur l’échiquier politique national. ll aurait dû d’abord reconstituer son FPI. Cela aurait donné de l’allant à son action. Je ne crois pas du tout à cet appel, sauf à vouloir créer des troubles. Je doute fort que cet appel puisse prospérer parce qu’il ne repose sur rien de concret.

LP : Mais, Guillaume Soro a répondu favorablement à cet appel…
HS : Oh, lui, de là où il est actuellement, il peut s’accrocher à tout. Je m’étonne quand même de sa démarche. Il y a quelque temps, nous avons appris qu’il a eu un échange de coup de fil avec le président de la République. Pourquoi ne pas continuer à faire profil bas et éviter de rester dans la belligérance. Guillaume Soro s’est mis en marge de la vie politique nationale, il ne sait pas lire l’histoire. Pour moi, il aurait dû continuer sur sa lancée, après ses échanges téléphoniques avec le président de la République, et essayer de se racheter.

LP : Selon vous, pourquoi persiste-t-il dans la belligérance à l’égard du Président Ouattara ?
HS : Moi-même, je ne comprends pas son attitude, aussi bien à titre personnel qu’au plan politique. Tu ne peux avoir été ministre de la Défense, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale et sortir de la sorte du jeu politique. Il y a vraiment un problème. Il n’est pas le seul à être parti, mais ceux qui ont aussi claqué la porte (du parti) sont revenus à la maison. Qu’est-ce que le Président Ouattara a pu bien lui faire pour qu’il soit dans cette posture.

« Laurent Gbagbo est dépassé par les événements »

LP : Souhaitez-vous un rapprochement ou pensez-vous que la rupture est consommée ? 
HS :  Tout est dans son attitude. La balle est dans son camp. Le Président (Ouattara) le considère comme un fis. Maintenant s’il y a un fils qui ne veut pas entendre raison, on ne va pas mettre à mal la cohésion au sein de la famille pour lui. Regardez Soul To Soul, il sort de prison, il rencontre tout le monde sauf ceux qui l’ont fait sortir de prison. C’est un message qu’il donne. Comment voulez-vous qu’on interprète ce genre de comportement ? On ne te demande pas de renoncer à ton amitié avec Soro, mais il y a un minimum de bon sens à avoir. A un moment donné, Soro doit faire son introspection. Il n’est plus jeune, encore moins un enfant. C’est à lui de savoir, à cet âge-là et avec le parcours qu’il a fait, ce qui est bon pour lui.

LP : En octobre 2025, le RHDP ambitionne de faire un coup KO. Quels sont, selon vous, les clefs d’une victoire de votre parti au 1er tour de la présidentielle?
HS : D’abord, il y a l’unité au sein de notre famille politique. Depuis un moment, il y a moins de dissension. Ce qui est déjà une bonne chose. Ensuite, nous devons continuer d’être sur le terrain, de faire comprendre aux uns et aux autres pourquoi on doit continuer avec le Président Ouattara et le RHDP. Le Président a mis le pays à un tel niveau que je vous assure qu’il sera difficilement acceptable qu’on retombe encore entre les mains des aventuriers. Les Ivoiriens sont assez lucides pour comprendre que là où nous sommes arrivés, il faut préserver la stabilité. Surtout qu’autour de nous, ça ne va pas notamment chez nos voisins du Mali et du Burkina Faso.

LP : Justement, comment jugez-vous nos relations avec ces voisins, à l’aune des déclarations du capitaine Ibrahim Traoré ?
HS : Depuis le temps d’Houphouët-Boigny, on a toujours été voisins de régimes militaires. A l’époque, les militaires étaient au pouvoir au Burkina Faso, au Mali, au Ghana, au Niger, au Libéria, au Togo, au Bénin ou encore au Nigeria. Le péril kaki n’est donc pas une inquiétude pour nous. Ce qui nous inquiète c’est que nous sommes voisins du Mali et du Burkina Faso. Leur instabilité agit forcément sur nous parce que nous accueillons leurs réfugiés. 

LP :  Vous êtes en train de lancer, dans le cadre du sport, un programme pour la jeunesse. Est-ce qu'on peut en savoir davantage ?
HS: Il s'agit de l'important projet de Benfica qui est un engagement du Président de la République SEM Alassane Ouattara avec son homologue du Portugal lors d'une visite que ce dernier a effectué ici à Abidjan. Il était question de créer une académie de football par un club portugais. Ce qui est une première dans un pays francophone. Depuis huit ans nous travaillons sur le projet qui est aujourd'hui à maturité. Il y a eu le lancement le 16 juin dernier. Aujourd'hui, nous sommes à la phase de la détection. Là où nous attendions 10 000 enfants, nous sommes à 25 000. C'est un projet qui va se dérouler sur toute l'étendue du territoire. La détection commence le 16 septembre et va s'achever le 16 décembre. Les départements ont été mis ensemble pour choisir un lieu pour faire la détection. Les gens se sont inscrits en fonction de leurs lieux d'habitation. La première détection va concerner les communes du Plateau, de Treichville et de Marcory. Les autres étapes vont suivre. 

LP : Quels objectifs visez-vous avec ce projet ?
HS : La création de cette académie poursuit trois objectifs. Premièrement, il s’agit de lutter d'abord contre la traite des jeunes qui s'exilent par tous les moyens pour réaliser leur rêve de footballeur. Deuxièmement, nous voulons donner une formation à ces enfants. Car, ils doivent être tous scolarisés. Soit dans l'enseignement technique ou professionnel, soit dans l'enseignement général. Troisièmement, ceux qui ne correspondent pas aux normes de Benfica seront reversés dans les clubs locaux pour alimenter le championnat national. C'est un projet très structurant. Et après leur carrière sportive, ils rejoignent le centre de haut niveau de l'INJS pour devenir des entraîneurs, des managers sportifs. Quand vous êtes retenus, vous signez un engagement pour ne pas changer de nationalité puisque vous devez obligatoirement jouer pour l'équipe nationale. Car, vous êtes formés grâce aux ressources publiques. C'est un projet qui s’étend sur 10 ans. L'Etat finance les trois premières années. La quatrième année, le projet même se prend en charge. Le processus est transparent et il n’y a rien à payer. Sont concernés les U14, U16, U18 et U20. 

LP : Combien d'enfants seront retenus ?
HS: Au total, 132 enfants seront retenus sur les 25 000 candidats de la première détection. Les trois meilleurs de chaque année iront au Benfica, au Portugal. Vous savez, le Benfica possède le meilleur centre de formation au plan mondial en termes de rentabilité. 

LP: En retour, que gagne l'INJS ?
HS: Deux choses. D'abord, on va former des entraîneurs locaux. Ensuite, Benfica va créer un championnat de jeunes. Ce qui n'existait pas. Aussi, le projet améliore les conditions d'équipements de l'INJS. On aura une nouvelle salle de sport pour tout ce qui est musculation, médecine du sport. Et quand un enfant est transféré, l'INJS a un pourcentage sur le montant de son transfert. 

LP : Dans le cadre de la CAN 2023, la Côte d’Ivoire a bâti plusieurs infrastructures. Comment entrevoyez-vous la gestion leur gestion ?
HS:  Sur la question, le ministère ( des Sports et du Cadre de vie) a anticipé. On a organisé plusieurs ateliers sur la pérennisation de ces infrastructures. Je rassure les Ivoiriens que des dispositions sont prises pour les maintenir. Nous sommes en concurrence d’autres pays qui ont aussi des infrastructures identiques et qui font appel à des pays pour venir jouer chez eux.

 

LP: Que deviennent les cités CAN?
HS: Elles ont une gestion privée. Si, aujourd'hui vous allez à Korhogo, vous pouvez loger avec votre famille dans une cité CAN. Quand il y a des compétitions, ces infrastructures accueillent les athlètes. Et lorsqu’il n’y en a pas, les cités fonctionnent comme  des hôtels pour les touristes et les populations qui désirent y faire un séjour. 
Réalisée par Charles Sanga et Y. Sangaré (Collaboration Lacina Ouattara et Raoul Sainfort)