Lutte contre la malnutrition : La Côte d’Ivoire va enrichir le riz, en plus de l’huile, de la farine et du sel

Lutte contre la malnutrition : La Côte d’Ivoire va enrichir le riz, en plus de l’huile, de la farine et du sel
Désormais le riz importé et produit en Côte d’Ivoire sera enrichi au fer et autres micronutriments. Photo Dr

Selon l’enquête démographique et de santé EDS 2021, plus de 8% de la population en Côte d’Ivoire est malnutrie. Cependant, il y a des disparités régionales. Dans le Zanzan, à l’est du pays, le taux de malnutrition monte jusqu’à 14%. Au nord également, la situation est plus prononcée. Aussi, 60 à 70% de la population souffre de carences en micronutriments.

Pour lutter efficacement contre ce problème, le pays pratique depuis plusieurs années l’enrichissement de certains produits alimentaires. Notamment l’huile, la farine de blé et le sel. Mais, un autre produit et non des moindre, fera son entrée dans cette famille d’aliments fortifiés. Il s’agit du riz, denrée alimentaire de grande consommation dans le pays. 

L’information a été donnée par Dr Kouamé Désiré, directeur coordonnateur adjoint du Programme national de nutrition, lors d’un atelier organisé en septembre dernier, à Abidjan, par le Mouvement Scaling Up Nutrition (SUN), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et Catholic relief services (CRS), en faveur des journalistes d’Afrique de l’Ouest et du Centre sur la nutrition. Ce renforcement de capacité des hommes de média s’inscrivait dans le cadre du dialogue multisectoriel et intersectoriel dans la lutte contre les carences en micronutriments en Afrique.

Intervenant donc sur le thème de la carence en micro-nutriments, Dr Kouamé Désirée a ainsi annoncé que la Côte d’Ivoire allait bientôt passer à la fortification du riz. Une décision motivée par la persistance du problème du triple fardeau de la malnutrition marqué par la faim cachée, encore appelée carence en micro-nutriments. Ces micro-nutriments, a-t-il expliqué, sont importants pour la protection et la croissance de l’individu. Pour lutter contre cette faim cachée, la Côte d’Ivoire a commencé par fortifier certains aliments dont le sel, la farine de blé et l’huile de palme. Mais au vu de la persistance de ces carences, le pays a opté pour un nouvel aliment consommé à grande échelle par la population, à savoir le riz. « Cela va permettre d’étendre la concentration en micro-nutriments et par ricochet la baisse de l’anémie compte tenu du fait que cet aliment sera enrichi en fer, et aussi la baisse d’autres carences du fait de la présence de minéraux », a-t-il expliqué.

Le processus, a affirmé le directeur coordonnateur adjoint du Programme national de nutrition, est bien entamé, et plusieurs étapes ont déjà été franchies. « La première étape consistait à faire l’analyse situationnelle pour faire un choix.  Il s’agissait de l’étude de faisabilité. Ensuite, une année plus tard, entre 2018-2019, il y a eu une mission en Chine pour un partage d’expérience avec ce pays qui fait la fortification du riz depuis plusieurs années déjà. Après cela, en 2020 nous avons entamé l’étude de faisabilité industrielle », a-t-il déclaré.  Indiquant que même si le riz est produit localement, plus de 70% de cet aliment consommé par la population, est importé. C’est donc dire qu’avec la décision, les importateurs de riz auront l’obligation de l’enrichir avant son entrée sur le territoire ivoirien.  Aussi, l’étude de faisabilité a permis de savoir que cet enrichissement allait avoir un coût.  L’analyse du coût et des bénéfices a ainsi été faite entre 2021 et 2022 avec la validation du process en Conseils des ministres.  Le programme national multisectoriel de nutrition a ainsi été mis sur pied.  Une année plus tard, c’est-à-dire entre 2023 et 2024, a eu lieu la réalisation de l’étude d’acceptabilité avec les kermels. C’est à-dire le tryptique de micronutriments qui sera incorporé au riz. Selon Dr Kouamé Désiré, ce n'est pas un seul micronutriment mais plusieurs, soit environ 5 dont le fer en priorité et le zinc, qui seront incorporés dans le riz consommé en Côte d’Ivoire. 

Le financement du projet, a-t-il confié, a été acté par l’Etat. Actuellement il s’agit d’élaborer la stratégie de mise en œuvre. A savoir les industries qui vont procéder à l’enrichissement, la qualité des kermels et où se les procurer. Les laboratoires qui doivent procéder à la vérification de la qualité du riz enrichi, a-t-il rassuré, sont également prêts.  Car il ne suffit pas d’enrichir, mais il faut être sûr que la concentration de ces micronutriments soient normatives, c'est-à-dire conformes aux normes en la matière. 

Avec cette décision donc, tout le riz qui entrera bientôt sur le territoire ivoirien devra avoir le label enrichi. Il en sera de même pour le riz produit localement. La fortification de cette catégorie de riz sera confiée à une structure.

DM