Cancer du col de l’utérus : Une maladie grave qui peut pourtant être évitée
On en parle très peu, pourtant, à l’instar du cancer du sein, il fait aussi des ravages chez les femmes. Le cancer du col de l’utérus, c’est de cela qu’il s’agit, est aussi une pathologie fréquente et grave. Il est le quatrième cancer le plus courant chez la femme. Janvier est le mois de la sensibilisation au cancer du col de l'utérus. C'est l'occasion idéale pour l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires de sensibiliser le public sur ce cancer et la vaccination contre le papillomavirus humain.
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Un cancer du col de l’utérus se développe sur le col de la femme (la partie qui relie le vagin à la cavité utérine). Presque tous les cas de cancer du col de l’utérus (99 %) sont liés à une infection par un papillomavirus humain (PVH) à haut risque. Le PVH est un virus extrêmement courant transmis par contact sexuel. Bien que la plupart des infections par le PVH guérissent spontanément et ne provoquent aucun symptôme, une infection persistante peut provoquer un cancer du col de l'utérus chez les femmes.
En 2022, selon l’OMS, 660 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus ont été diagnostiqués et 350 000 décès étaient liés à cette maladie. Toujours en 2022, plus de 94 % des 350 000 décès dus au cancer du col de l’utérus sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Les taux d’incidence de cancer du col de l’utérus et de mortalité due à ce type de cancer sont les plus élevés en Afrique subsaharienne, en Amérique centrale et en Asie du Sud-Est. Ces différences régionales sont dues aux inégalités en matière d’accès aux services de vaccination, de dépistage et de traitement, à des facteurs de risque, y compris la prévalence du VIH, et à des déterminants sociaux et économiques comme le sexe, les préjugés sexistes et la pauvreté. Les femmes vivant avec le VIH sont six fois plus susceptibles d’avoir un cancer du col de l’utérus que la population générale et on estime que 5 % de tous les cas de cancer du col de l’utérus sont attribuables au VIH. Le cancer du col de l’utérus touche de manière disproportionnée les femmes plus jeunes et il en résulte que 20 % des enfants qui perdent leur mère à cause d’un cancer le doivent à un cancer du col de l’utérus.
Les causes
Le virus du papillome humain (HPV) est une infection sexuellement transmissible courante qui peut toucher la peau, la région génitale et la gorge. La quasi-totalité des personnes sexuellement actives seront infectées à un moment de leur vie, le plus souvent sans présenter de symptômes. Dans la plupart des cas, le système immunitaire élimine le virus de l’organisme. L’infection persistante par le HPV présentant un risque élevé peut entraîner des anomalies cellulaires qui se transforment en cancer.
En règle générale, il faut 15 à 20 ans pour que les anomalies cellulaires deviennent cancéreuses, mais chez les femmes dont le système immunitaire est affaibli, notamment dans le cas d’un VIH non traité, ce processus peut être plus rapide et prendre de 5 à 10 ans. Parmi les facteurs de risque d’une évolution vers un cancer figurent le niveau d’oncogénicité du type de HPV, l’immunité, la présence d’autres infections sexuellement transmissibles, le nombre de naissances, un jeune âge au moment de la première grossesse, l’utilisation de contraceptifs hormonaux et le tabagisme.
La prévention
Lorsqu'il est diagnostiqué, le cancer du col de l'utérus est l'une des formes de cancer les plus faciles à traiter, à condition qu'il soit détecté tôt et pris en charge efficacement. Mais, déjà, le cancer du col de l’utérus peut être évité grâce à la sensibilisation.
La sensibilisation du public et l’accès à l’information et aux services, indique l’OMS, sont essentiels à la lutte contre l’infection tout au long de la vie.
La vaccination entre 9 et 14 ans est une façon très efficace de prévenir l’infection à HPV, le cancer du col de l’utérus et d’autres cancers qui lui sont imputables.
Le dépistage à partir de 30 ans pour la population générale (25 ans chez les femmes vivant avec le VIH) permet de détecter les maladies du col de l’utérus dont le traitement prévient également le cancer du col de l’utérus.
Depuis 2023, 6 vaccins anti-HPV selon l’OMS, sont disponibles dans le monde. Tous protègent contre les types 16 et 18 du HPV, à haut risque, responsables de la plupart des cancers du col de l’utérus. Il a été démontré que ces vaccins sont sans danger et efficaces pour prévenir l’infection par le HPV et le cancer du col de l’utérus.
Un dépistage des femmes de plus de 30 ans tous les 5 à 10 ans
Pour la vaccination contre le HPV, la priorité recommande l’instance mondiale de la santé, doit être accordée à toutes les filles âgées de 9 à 14 ans, avant qu’elles ne soient sexuellement actives. Le vaccin peut être administré en une ou deux doses. Idéalement, les personnes ayant un système immunitaire affaibli devraient recevoir deux ou trois doses. Certains pays ont également choisi de vacciner les garçons afin de réduire davantage la prévalence du HPV dans la communauté et de prévenir les cancers causés par le virus chez les hommes.
Aussi, il existe d’autres moyens importants de prévenir l’infection par le HPV, notamment : ne pas fumer ou arrêter de fumer ; utiliser des préservatifs ; avoir recours à la circoncision masculine volontaire.
Les femmes devraient bénéficier d’un dépistage du cancer du col de l’utérus tous les 5 à 10 ans dès l’âge de 30 ans. Les femmes vivant avec le VIH devraient faire un test tous les trois ans à partir de 25 ans. Car les lésions précancéreuses provoquent rarement des symptômes, de sorte qu’un dépistage régulier du cancer du col de l’utérus est important, même si l’on a été vacciné contre le HPV.
Plusieurs types de traitement
Après un test positif au HPV (ou toute autre méthode de dépistage), un prestataire de santé peut rechercher la présence d’anomalies au niveau du col de l’utérus (comme des lésions précancéreuses) susceptibles d’entraîner un cancer du col de l’utérus si elles ne sont pas traitées. Le traitement des lésions précancéreuses est un acte simple qui permet de prévenir les cancers du col de l’utérus. Un tel traitement peut être proposé au cours de la même visite (approche dépister et traiter) ou après un deuxième test (approche dépister, trier et traiter), ce qui est particulièrement recommandé pour les femmes vivant avec le VIH.
Le traitement des lésions précancéreuses est rapide et généralement indolore et il n’entraîne que rarement des complications. Les étapes du traitement comprennent la colposcopie (inspection visuelle du col de l’utérus) pour localiser et évaluer la lésion, suivie d’un ou plusieurs des actes suivants : l’ablation thermique, qui consiste à utiliser une sonde chauffée pour brûler les cellules ; la cryothérapie, qui consiste à utiliser une sonde froide pour geler les cellules ; l’excision à l’anse large de la zone de transformation qui consiste à retirer les tissus anormaux à l’aide d’une boucle de fil métallique chauffée électriquement ; et/ou la biopsie conique à la lame froide, qui consiste à utiliser un scalpel pour retirer un morceau de tissu en forme de cône.
Les signes qui doivent alerter
Le cancer du col de l’utérus peut être guéri s’il est diagnostiqué et traité à un stade précoce de la maladie. Reconnaître les symptômes et solliciter l’avis d’un médecin pour répondre à toute préoccupation est une étape cruciale. Les femmes devraient s’adresser à un professionnel de la santé si elles remarquent un ou plusieurs des signes suivants : saignement inhabituel entre les règles, après la ménopause ou après un rapport sexuel, pertes vaginales plus importantes ou malodorantes et d’autres symptômes tels que douleur persistante dans le dos, les jambes ou le bassin, perte de poids, fatigue, perte d’appétit, gêne au niveau du vagin et gonflement des jambes.
Les évaluations et les examens cliniques visant à confirmer un diagnostic et à déterminer le stade du cancer sont importants et seront généralement suivis d’une orientation vers des services de traitement, comme la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie, ainsi que des soins palliatifs visant à fournir des soins de soutien et à prendre en charge la douleur.
Les trois objectifs visés par les pays du monde
Tous les pays ont pris l’engagement d’éliminer le cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique. Selon la stratégie mondiale de l’OMS, l’élimination suppose qu’il n’y ait plus au maximum que 4 nouveaux cas pour 100 000 femmes chaque année. Elle fixe par ailleurs trois objectifs à atteindre d’ici 2030 pour mettre tous les pays sur la voie de l’élimination dans les décennies à venir : que 90 % des filles soient entièrement vaccinées contre le HPV à l’âge de 15 ans, que 70 % des femmes aient bénéficié d’un dépistage de qualité à 35 et à 45 ans et que 90 % des femmes atteintes d’une maladie du col de l’utérus reçoivent un traitement.
D’après les modélisations, on pourrait éviter un total cumulé de 74 millions de nouveaux cas de cancer du col de l’utérus et 62 millions de décès d’ici à 2120 si l’on atteint cet objectif d’élimination.
DM