Contribution-Adjamé-village : Nzi Bernard Kokora : « La construction d’une nation oblige parfois les gouvernants à prendre des décisions difficiles »

Contribution-Adjamé-village : Nzi Bernard Kokora : « La construction d’une nation oblige parfois les gouvernants à prendre des décisions difficiles »

L’opération de libération des emprises à Adjamé-village continue de faire l’actualité sur les réseaux sociaux et la une quelques de journaux ivoiriens. Dans une déclaration parue dans la presse du mercredi 31 juillet 2024, l’Union des Tchamans de la diaspora de Côte d’Ivoire a condamné cette opération avant de réclamer des mesures de réparation en faveur des déguerpis.

Nous devons appréhender cette opération avec beaucoup de responsabilité. La construction d’une nation oblige parfois les gouvernants à prendre des décisions difficiles. C’est la marque déposée des grands bâtisseurs.

En effet, au lendemain de son accession à l’indépendance, Félix Houphouët Boigny, le père fondateur, enclenche de vastes chantiers de développement. Dans le cadre de l’aménagement du territoire national, la jeune équipe se lance dans la construction du barrage hydroélectrique de Kossou sur le fleuve Bandaman.

Outre l’électricité, ce barrage devait servir d’instrument pour la valorisation de la vallée de ce fleuve au bord duquel vivaient paisiblement les Baoulé de Tiébissou de la tribu Nanafoué Dan. Ils formaient une seule et grande famille.

Ces braves populations vivant de l’agriculture et de la pêche ont été contraintes d’abandonner leurs terres fertiles pour se réinstaller loin de leurs ancêtres. Cette décision des autorités gouvernementales fut difficile à accepter.

La mort dans l’âme, les paysans s’y sont pliés au nom de l’intérêt supérieur de la nation. Ainsi, à l’instar d’autres tribus voisines, le Nanafouè Dan, comme l’avait fait par le passé la Reine Abla Pokou pour sauver son peuple, fit ce grand sacrifice pour les besoins de développement de la Côte d’Ivoire.

Cette volonté politique sera matérialisée par deux programmes. De 1969 à 1980, l’ARSO (Aménagement de la Région du Sud-Ouest) est lancée en tandem avec celui de l’AVB (Aménagement de la Vallée du Bandaman). L’objectif des deux programmes est d’accueillir le flux migratoire provoqué par la construction du barrage de Kossou qui a inondé 50 villages et provoqué le déplacement de plus de 100.000 personnes.

La tribu éclata dès 1970. Ce fut le grand exode au cours duquel les plus chanceux des villages furent réinstallés à proximité de leurs terres ancestrales, assistants impuissants à l’inondation de la quasi-totalité des terres cultivables par la montée des eaux du barrage ou tout simplement coupés totalement d’immenses étendues d’eau. C’est le cas des villages de Molonou, Koffi-Agrokro, N’Dènou, Duibo, Do Sakassou etc.

Certains furent parachutés à San Pedro dans les zones forestières du sud-ouest ivoirien. C’est le cas de Boignykro (ce sont les villages de Korikro, Kansi, Lohoussou en 1971), Do-Sakassou et Grobonou (regroupant 2 villages Godè venus du côté de Béoumi qui vivent avec des Gouro et Godè (1972), Nonoua (oû vivent les wan et Baoulé en1973) …

Les villages les moins favorisés furent déplacés dans la zone de savane entre Tiébissou et Yamoussoukro. C’est le cas de Taki-Salèkro, Amanzi, Abrika, Wuakré, Allangoua, N’Gbessou, Koriakro, Lohossou, Ya-Sakassou Kansi, Djanhan Sakassou, Kpato, pour ne citer que ces localités.

Contrairement aux impactés d’Adjamé-village dont les fonds destinés à l’indemnisation ont été placés sur un compte séquestre, les populations Nanafouè Dan n’ont perçu la moindre indemnisation. Elles continuent de payer leurs factures d’électricité comme tous les autres abonnés de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE). Au nom toujours de l’intérêt supérieur de la nation ! Ce sacrifice de la tribu Nanafouè Dan, en ces temps du roi argent, ne doit pas être jeté aux oubliettes.

Si, 64 ans après son accession à la souveraineté nationale, la Côte d’Ivoire est un modèle de développement en Afrique, c’est grâce à la vision d'un homme : Félix Houphouët Boigny. Le père fondateur a laissé des fondations solides sur lesquelles son digne héritier, Alassane Ouattara, poursuit son vaste programme de développement. Autoroute de contournement d’Abidjan (Y4), prolongement de l’autoroute du nord, ponts, échangeurs, barrages, routes, métro, BRT, universités, lycées et collèges, CHU et hôpitaux de référence, châteaux… Aucun secteur d’activités n’est épargné. Un programme de développement bien pensé dans l’union, la discipline et le travail, pour tourner la page de la décennie de crise et de coup d’arrêt à la marche de l’Éléphant d’Afrique.

C’est dans cette optique qu’il faut inscrire les travaux du 4pont d’Abidjan. Une voie que le Président de la République, SEM Alassane Ouattara a souhaité offrir aux Abidjanais en vue d’accroître leur mobilité. Une bretelle de ce gigantesque pont traverse Adjamé-village. D’où l’opération de déguerpissement qui a créé ce vacarme médiatique que des politiciens ont voulu récupérer pour salir le RHDP et son président. Ils sont à la recherche désespérément de la goutte d’eau qui va faire déborder le vase. C’est raté ! Le train du développement est sur les rails pour conduire les Ivoiriens aux portes de l'émergence.

Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières, Kobenan Kouassi Adjoumani, par ailleurs, porte-parole du Rhdp, a si bien fait de rappeler à la mémoire de tous ce pan de l’histoire de notre pays. « Le développement, a-t-il rappelé, nécessite parfois des décisions difficiles, telle que la déclaration de certaines zones d’utilité publique ».

 

Nzi Bernard Kokora (Secrétaire National Adjoint des militants de l'extérieur du RHDP Amérique du Nord)