Découverte et exploitation de mines d'or, de manganèse, de cobalt… : Ce que gagnent les Ivoiriens

Découverte et exploitation de mines d'or, de manganèse, de cobalt… : Ce que gagnent les Ivoiriens

La Côte d'Ivoire renforce sa position d’acteur clé dans l'industrie aurifère en Afrique de l'Ouest au fil des années. Le 18 décembre 2024, le pays lançait officiellement les activités d’une mine d’or de classe mondiale dans la région du Worodougou sur l’axe Batogo-Fadiadougou. Ce gisement, appelé le "projet Koné", est estimé à 5 millions d'onces (environ 155,5 tonnes d'or) avec une teneur moyenne de 0,72 g/t. Il est le plus grand du pays. Le mois précédent, la Côte d’Ivoire découvrait dans le nord, précisément à Kani et Dianra, un autre gisement aurifère de classe mondiale qui montre que le pays est un réservoir de richesses aurifères. Sans oublier ses mines de nickel, cobalt, manganèse, bauxite et autres minerais. Toutes ces découvertes engrangent des ressources pour les caisses de l’État. En effet, les recettes fiscales générées par l'activité minière, selon le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, se sont chiffrées à 372 milliards FCFA en 2023, soit près de 20 fois leur niveau de 2012. Mais l’État n’est pas le seul à se frotter les mains, les populations bénéficient également des retombées de l’exploitation de ces gisements de minerais.

 

Des milliers d’emplois créés

L’une des premières retombées, c’est la création d’emplois. Les activités minières créent des emplois directs et indirects dans les services de soutien, la logistique, et d'autres secteurs connexes, augmentant ainsi l'impact global sur l'emploi. Le nombre d'emplois directs induits par le secteur minier a plus que doublé, passant de 8 291 en 2016 à 16 766 en 2023. En 2024, le nombre total d'emplois directs a atteint 18 457, tandis que les emplois indirects ont dépassé les 55 000, a fait savoir Jean-Claude Diplo, président du Groupement professionnel des miniers de Côte d’Ivoire (GPMCI). Cette faitière des entreprises du secteur minier compte 77 membres dont 14 sur 15 des mines industrielles installées en Côte d’Ivoire, et représente environ 90% du chiffre d’affaires du secteur minier ivoirien.

Concernant l’exploitation minière à petite échelle, c’est-dire l’orpaillage, on note plusieurs dont la création de 12 chantiers-écoles et la formation d’artisans miniers de niveau zéro à bac+5.

 

 

Une politique de contenu local efficace

Pendant longtemps, les industries extractives ont été accusées d’appauvrir les ressources au détriment des communautés locales. En réponse, le concept de « contenu local » a été développé et occupe depuis une importance stratégique dans le cadre réglementaire de l’industrie minière. Fondamentalement, le contenu local englobe tous les biens, services, main-d’œuvre et autres ressources produits, fournis ou recrutés localement par les entreprises. L’objectif principal est de générer des retombées économiques substantielles pour les communautés locales et le pays tout entier, en garantissant une participation active des acteurs nationaux dans ce secteur clé. Ainsi en 2023, plus de 60 % des achats d’Endeavour Mining en Côte d’Ivoire ont été réalisés auprès de 400 fournisseurs ivoiriens partenaires d’Endeavour.

« Nous continuons de privilégier les PME locales dans nos différentes mines. Actuellement, sur notre mine satellite de Fimbiasso, nous pouvons affirmer que plus de 50% du transport du minerai de la mine vers l’usine est assuré par des camions appartenant aux locaux, sous la supervision d’une structure plus qualifiée qui assure également leur formation et leur coaching. En ce qui concerne la main d’œuvre, nous avons instauré, en collaboration avec les communautés locales, des comités de recrutement pilotés par des leaders communautaires. Ainsi, lorsque nous avons besoin de main-d’œuvre, nous nous adressons d’abord à ces comités afin de prioriser le personnel local. Si les compétences requises ne sont pas disponibles localement, nous élargissons notre recherche au niveau national », détaille Dr Yacouba Diarra, directeur général Perseus mining Côte d’Ivoire.

 

 

Développement des infrastructures et responsabilité sociale

Avec l’ambition de faire du secteur des mines un moteur de son économie, la Côte d’Ivoire a adopté en 2014 un nouveau code minier porteur de réformes. L’une des réformes majeures est la création de comités de développement local minier (CDLM) dans chaque zone d’exploitation. Financés par les entreprises minières, ces comités ont pour objectif de réaliser des projets sociaux au profit des populations riveraines.

A Zouan-Hounien, Hiré, Tongon, Bonikro, Agbaou ou Bondoukou, les populations riveraines des sites miniers ont bénéficié en 2018 de projets d’électricité, d’écoles, de centres de santé, d’eau potable, de routes, etc. pour un coût de 2,548 milliards de FCFA.

Dans cette dynamique, la Compagnie minière du littoral (CML) a financé divers projets, tels que la construction du collège de Lauzoua, le forage du village, ainsi que des initiatives du CDLM, pour un montant total estimé à 601 183 441 FCFA entre 2017 et 2023. De janvier 2023 à mars 2024, Roxgold Sango a investi 79 556 500 FCFA dans le département de Séguéla pour la construction de deux écoles primaires, deux écoles maternelles et deux écoles de six classes, ainsi que pour la fourniture de grillages destinés à clôturer le périmètre maraîcher de la coopérative des élèves de Bonna.

Barrick Gold a versé plus de 9 milliards de FCFA au profit des populations impactées par ses mines (Agbaou, Bonikro et Hiré) dans la région du Lôh Djiboua. Cette somme a permis de financer, entre autres, la construction d’infrastructures de base telles que des écoles et des hôpitaux, ainsi que de récompenser les meilleurs élèves de ces régions. La 9ème édition du Prix d’Excellence Scolaire (PES), organisée les 27 et 28 juin 2024 pour récompenser les 524 meilleurs élèves des villages de Douaville et de Kagbé, est une preuve concrète des actions de développement de ces mines. En vue de réduire davantage la pauvreté en milieu rural, le gouvernement a instruit les CDLM de privilégier les activités génératrices de revenus au profit des femmes et des jeunes.

Sur la question des RSE, il est important de distinguer les actions menées dans le cadre du CDLM et les propres initiatives des entreprises minières. Avant la loi de 2014, il n’y avait pas de cadre réglementaire spécifique pour le CDLM en Côte d’Ivoire, ce qui permettait aux entreprises de définir librement leur politique RSE avec le budget de leur choix. Cependant, avec l’adoption du Code minier en 2014, une loi sur le CDLM a été instaurée et formalise en partie la RSE des entreprises minières. Le fonds CDLM est un fonds mis à disposition des communautés locales par la compagnie d’exploitation, et géré par celles-ci. Le comité de gestion de ce fonds est présidé par le préfet de la localité hôte et sa gestion obéit à une procédure définie par la loi. « Notre compagnie est à jour de ses cotisations et je précise qu’en ce moment, le CDLM Yaouré dispose de plus de 4 milliards de francs CFA destiné aux projets communautaires, ce qui parait assez important et qui peut apporter une bonne contribution au développement des villages riverains », relève Dr Yacouba Diarra.

En définitive, le secteur minier en Côte d'Ivoire ne cesse de se renforcer, offrant des perspectives prometteuses pour l'économie nationale, la création d'emplois et le développement des infrastructures locales. Avec une politique de contenu local efficace et des initiatives de responsabilité sociale d'entreprise, le secteur minier continue de jouer un rôle crucial dans le développement durable et la prospérité du pays.

Yves Kalou