Fédération Ivoirienne de Taekwondo : Jean Marc Yacé, un rapport financier accablant
La bonne gouvernance semble être un concept étranger à la Fédération ivoirienne de taekwondo (FITKD), surtout à la lumière des événements récents lors de l'assemblée générale ordinaire orchestrée par l'équipe de Jean-Marc Yacé. Révoqué, le 19 octobre 2024, par 175 membres statutaires actifs sur 331, et réinstallé dans des conditions encore obscures par la World taekwondo suite à une mission dévoyée de l’AFTU, il était devant ses mandants pour faire le bilan de sa gestion 2021, 2022 et 2023. Les détails de cette assemblée tenue le dimanche 2 février 2025, au Centre sportif, culturel et des TIC ivoiro-coréen Alassane Ouattara (CSCTICAO), mettent en exergue les profonds dysfonctionnements au sein de la fédération, soulevant de sérieux doutes sur sa gestion et sa transparence.
Devant les membres statutaires réunis, Jean-Marc Yacé, également maire de la commune de Cocody, a échoué à dissiper les inquiétudes concernant les scandales d'abus et de harcèlements sexuels qui marquent son mandat. Un responsable de club, exprimant sa déception, a témoigné : « Nous espérions des éclaircissements sur les scandales sexuels et la protection des enfants. Malheureusement, nous sommes restés sur notre faim. »
Et si Jean Marc Yacé et son équipe voulaient vraiment marquer le coup, ils l’ont parfaitement réussi. Selon des sources, 267 des 331 associations membres auraient participé à cette assemblée, bien que des rumeurs persistantes évoquent l'exclusion de certains clubs légitimes au profit de clubs fictifs. Un fait dont l’équipe de Yacé pourrait bien se réjouir.
Près de 189 millions FCFA volatilisés sans trace
Malheureusement, cette joie a été douchée par le rapport du commissariat aux comptes. La présentation du rapport financier par Me Boti Bi Cham, porte-parole du commissariat aux comptes, a révélé une gestion financière désastreuse. L’absence de bilan financier pour 2021, malgré une passation officielle des charges, suggère une opacité préoccupante. Alors que, soutient le rapport, « il ressort des contrôles au titre de l’exercice 2021 que l’équipe sortante a laissé la somme de 22 073 810 FCFA et que la nouvelle équipe a continué les mouvements à partir de ces fonds ».
De plus, pour les exercices 2022 et 2023, une grande partie des mouvements de fonds est restée non justifiée, ce qui a conduit les commissaires à refuser de certifier les comptes. Il ressort de ces deux exercices que 188 969 172 FCFA sortis des caisses n’ont pu être justifiés. Le tableau récapitulatif est édifiant.
En 2002, au titre des entrées de caisse, le commissariat note 234 833 670 FCFA. Les sorties de caisses sont chiffrées 232 058 585 FCFA dont 142 038 560 justifiés et 90 020 025 sorties de caisse non justifiées soit 38,79%. Pour l’exercice 2023, les entrées de caisses sont évaluées à 222 939 400 FCFA alors que les sorties sont chiffrées à 211 065 487 FCFA. Si l’équipe de Jean Marc Yacé a réussi à justifier 112 116 340 FCFA, ce n’est pas le cas pour 98 949 147 FCFA sortis de la caisse pour une destination inconnu. Ce qui représente 46,88% des sorties de caisse.
L'assemblée générale de la FITKD et les révélations qui en ont découlé sont le reflet des défis de gouvernance au sein de cette institution, qui excelle dans des activités extra-sportives. L’opacité qui entoure la gestion financière et les nombreux problèmes d’éthique avec les scandales sexuels et abus d’autorité, posent des questions plus larges sur l'efficacité des mécanismes de contrôle et la volonté réelle de résoudre ces problèmes fondamentaux. Avec un président contesté aux commandes d'un comité de pilotage censé rectifier les problèmes de sa propre création, le chemin vers une réelle transparence et intégrité semble encore long et semé d'embûches.
OUATTARA Gaoussou
L’Assemblée générale ordinaire, du dimanche 2 février 2025, a révélé des insuffisances dans la gestion financière de Jean Marc Yacé (Ph DR)