Grève dans le secteur Education-Formation : Le gouvernement brandit le bâton

Le gouvernement a décidé de brandir le bâton contre les enseignants qui ont décidé de la reconduction de la grève aujourd’hui lundi 7 avril 2025. Et ce, jusqu’à demain mardi. Cet arrêt de travail qui a débuté le 3 avril dernier fait fi de toutes les procédures légales en vigueur. Dans un communiqué rendu public samedi dernier dans la soirée, la ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Administration, Anne Ouloto, a appelé les instigateurs de cette grève à la raison, au sens de la responsabilité et au civisme.
A l’analyse, cette grève des enseignants du secteur éducation formation est illégale et inopportune. En ce sens que toute grève est juridiquement encadrée et obéit à une certaine disposition légale. Malheureusement, ces dispositions légales en vigueur n’ont pas été respectées. Et toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées. Alors que depuis la signature de la première trêve sociale (2017-2021), un cadre de dialogue permanant a été mis en place. Et les différentes revendications des fonctionnaires doivent faire l’objet de discussions dans ce cadre défini par les parties. Mieux, ce dialogue social a été renforcé par la mise en place des Comités de dialogue social dans tous les ministères techniques en prime l’installation du Comité Consultatif de la Fonction publique en 2024. Lequel a été créé par le Président de la République Alassane Ouattara à travers le décret N°2024-261 du 8 mai 2024 portant attribution , organisation et fonctionnement du Comité consultatif de la Fonction publique. Ce comité consultatif présidé par la ministre d’Etat Anne Ouloto a tenu plusieurs réunions. La question de la prime trimestrielle a été prise en compte. Un comité d’experts a été commis par la ministre de la Fonction publique pour étudier la faisabilité et voir l’incidence budgétaire. Les résultats de ce comité étaient attendus depuis le 27 février dernier.
Le porte-parole du l’intersyndicale du MENA Bli Blé David a fait fi de toutes ces avancées pour lancer son mouvement de grève. Prétextant que le « gouvernement veut ruser avec les enseignants ». Il ignore que la décision de payer une prime trimestrielle aux enseignants ne se prend pas sur un coup de tête , encore moins sous une pression. Car cela a beaucoup d’implication budgétaire au regard des dispositions en vigueur de l’Uemoa.
Le mardi 1er avril 2025, à 72 heures du déclenchement de la grève, Anne Ouloto avait interpellé les syndicats grévistes par rapport à leur agenda politique cachés. « (…) Dans la vie de la nation, il y a une distribution de rôle. Le parti au pouvoir et l’opposition qui animent l’actualité politique et les activités politiques. Nous avons la société civile qui est apolitique. Et dans la société civile, on a les organisations syndicales. La loyauté vis-à-vis de l’Etat préconise que chacun reste dans son rôle. Le syndicaliste n’est pas le politique. L’agenda du politique n’est pas l’agenda du syndicaliste », a-t-elle relevé.
Précisant que la lutte syndicale est attachée à des ambitions, à des objectifs, à des revendications pour lesquelles on attend des résultats. Mais, jamais la lutte syndicale n’a été attachée à un agenda politique. Tous les grands avantages que nous avons obtenus dans l’action syndicale depuis les aînés, a-t-elle justifié, depuis l’époque de feu le Président Félix Houphouët-Boigny, n’avaient pas d’agenda caché , mais des objectifs. « C’est pourquoi, tout en jugeant inapproprié le choix de l’intersyndical de faire de son porte-parole quelqu’un qui a fait valoir ses droits à la retraite, elle a encore préconisé la confiance, la responsabilité et l’honnêteté vis-à-vis de la nation », a-t-elle fait remarquer le mardi dernier.
Du côté du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA), le Pr Mariatou Koné a également rencontré à plusieurs reprises les syndicalistes à l’effet de privilégier le dialogue. Un atelier a même été organisé à Grand-Bassam en octobre 2024. Et c’est lors de ces assises qui a mobilisé tous les partenaires sociaux que le montant de la prime de 440 milliards Fcfa a été dévoilé. C’est dire que depuis la signature de la trêve sociale 2 (2022 -2027), la flamme du dialogue social est toujours allumée.
En tout cas, vu le caractère illégal de cette grève, le gouvernement rassure les parents d’élèves que toutes les dispositions sont prises pour boucler l’année scolaire dans de bonnes conditions et que les examens scolaires à grand tirage se dérouleront dans la tranquillité. Toutefois, il rappelle que les enseignants qui ne seront pas à leurs postes « seront considérés comme démissionnaires et seront traités comme tel conformément aux dispositions du Statut général de la Fonction publique ».
Il est bon de noter que les fonctionnaires et singulièrement les enseignants ont obtenu de nombreux acquis sous la gouvernance du Président Alassane Ouattara. Depuis 2012, la question de l’amélioration des conditions de vie et de travail des fonctionnaires est inscrite en priorité dans l’agenda du gouvernement. A titre d’illustration, en 2012 ce sont 1500 milliards de FCFA qui ont été décaissés, pour l’octroi des indemnités et les bonifications de la grille indiciaire. Quant à la deuxième trêve sociale (2022-2027), l’incident financier est estimé à 1200 milliards de FCFA. Au total, de 2012 jusqu’à ce jour, 2700 milliards de FCFA ont été déboursés par le gouvernement pour l’amélioration des revenus et conditions de vie des fonctionnaires.
Anzoumana Cissé