Interview-Dr Abdoulaye Koné (initiateur du Prix HIL) : « Pourquoi nous voulons distinguer les personnalités à fort impact sur le développement de l’Afrique »
Diplômé de l’Institut International du Management (IIM) et du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de Paris, Dr Abdoulaye Koné est auteur des essais « Gbagbo méritait-il la prison ? » paru en septembre 2020, « Convaincre et séduire un public » publié en juillet 2023 et du recueil de nouvelles « Les couleurs de la trahison » qui sera édité en décembre 2024. Dans cet entretien, cet expert en développement présente du Prix HIL (High Impact Leader) qui vise à honorer des acteurs du développement de l’Afrique. Cette cérémonie de distinction des leaders qui impactent le rayonnement de leur pays et du continent est prévue le 25 janvier 2025, au Palais des congrès du Sofitel hôtel Ivoire.
Le Patriote : Comment a germé l’idée du Prix HIL (High Impact leader) ?
Abdoulaye Koné : L’idée a germé d’une longue réflexion. En analysant les obstacles qui se posent au développement de notre continent. Nous avons identifié deux problèmes majeurs. L’un empêchait d’avoir une Afrique forte et l’autre hypothéquait son avenir. Le volume des échanges entre les pays africains en 2023 est de l’ordre 192 milliards USD. Certes, il existe une dynamique de croissance évaluée à 7,2 %. Toutefois, ce volume demeure relativement faible par rapport au potentiel presque illimité des pays africains. Avec 1 492 025 994 habitants, dont plus de 400 millions compris entre 15 et 35 ans, l’Afrique constitue le plus grand réservoir de jeunes de la planète. Voir les jeunes du continent sans repères est inquiétant et expose globalement à deux grandes catégories de dérives. Il y a le banditisme, la drogue, la cybercriminalité et toutes les autres dérives d’une part, et d’autre part, des activités qui n’apportent presque rien au développement. Nous avons ainsi conçu un outil qui permet à la fois de renforcer l’intégration des pays africains tout en orientant la jeunesse vers des activités qui impactent fortement le développement continental.
LP : Quels objectifs visez-vous avec cette initiative ?
AK : Il s’agit de valoriser des actions qui améliorent à la fois, le développement national et continental. En effet, par la mise en valeur des modèles locaux de réussite, nous voulons enseigner par l’exemple. Cela permettra de donner des modèles, des exemples à une jeunesse africaine en manque de repère ; de soustraire la jeunesse de l’influence malsaine du gain facile et malhonnête, du « broutage », de la drogue et bien d’autres dérives ; de lutter contre l’émigration clandestine qui constitue une menace majeure pour le développement et un péril pour la jeunesse ; de lutter contre la fuite des cerveaux qui rompt les piliers du développement et hypothèque l’avenir du continent ; d’ intensifier le flux des échanges commerciaux qui est source de création de richesses et d’emplois ; de renforcer l’intégration entre les peuples, ce qui rime avec tolérance, vivre-ensemble et multiculturalité. Il s’agira aussi de motiver les uns et les autres à devenir des leaders tout en encourageant les leaders à progresser dans la promotion du continent. Cette démarche au plan national constitue un formidable levier de renforcement de la coopération bi et multilatérale avec tous les avantages imaginables en termes d’investissements, de réalisation et d’échanges socio-économiques, de redynamisation des flux commerciaux et culturels. Elle contribue à la mise en commun des expertises ainsi qu’au partage des compétences, la valorisation des ressources humaines locales en leur ouvrant des voies de promotion dans d’autres pays du continent.
LP : Vous envisagez de distinguer les personnalités à fort impact sur le développement en Afrique. Quels sont les critères de sélection des futurs lauréats ?
AK : Il faut préciser que pour cette première édition, nous avons sélectionné 15 domaines qui sont : l’éducation, la santé, le développement durable et les énergies renouvelables, la culture, l’informatique et la technologie, le sport, la presse et les réseaux sociaux, l’action sociale et humanitaire, le secteur bancaire et l’assurance, l’agriculture, la recherche et l’innovation, la transformation industrielle des produits locaux, le transport, le commerce, l’immobilier et l’urbanisation. C’est la distinction de la personnalité physique ou morale qui a surpassé ses paires par des réalisations (créativité, production, activités) à fort impact sur le développement au plan national et dans au moins un autre pays du continent dans l’un des domaines de compétition sur les 12 mois précédents. Il s’agit de la distinction de « High Impact Personality of Africa » ou plus simplement HIPA. C’est une dimension qui, en plus de l’impact national, prend en compte l’influence et les transformations significatives apportées dans d’autres pays du continent. Nous allons vous donner les grandes lignes. Ainsi, tenons-nous compte du talent et des compétences professionnelles, des qualités morales perçues en Côte d’Ivoire et dans les autres pays africains, les résultats et les réalisations en Côte d’Ivoire et dans les autres pays africains, les résultats socio-économiques en Côte d’Ivoire et dans les autres pays africains, l’Impact de l’action sur le développement en Côte d’Ivoire et dans les autres pays africains, le respect et la valorisation de l’environnement. Pour chacun de ces critères, nous avons des éléments d’évaluation, plus détaillés.
LP : Pouvez-vous nous expliquer le processus de HIL, de la sélection des nominés à la désignation des lauréats ?
AK : Le processus se veut rationnel et impartial. Il est constitué de 5 phases. La première est une phase d’identification qui débutera le 17 Décembre et prendra fin le 05 Janvier 2025. Au cours de cette phase, deux procédures distinctes seront exécutées. Le dépôt des candidatures sur le site consacré à l’événement (www.hilp-agency.com) d’une part, et d’autre part, les enquêtes commanditées pour collecter des informations en rapport avec ces quinze domaines et leurs acteurs. La deuxième phase est celle de la présélection qui est réalisée par le jury qui tient des séances de travail selon un plan préétabli. Elle a pour but d’identifier dans chaque domaine, trois personnalités potentiellement éligibles à la haute distinction : High Impact Personality of Africa (HIPA). Elle se déroulera du 06 Janvier et 15 janvier 2025. La troisième phase est celle de l’approfondissement. Elle se tiendra du 20 au 24 janvier 2025 visant un approfondir la compréhension de la personnalité de chacun des nominés et de l’impact de leurs réalisations en rapport avec leur domaine de compétition. La quatrième phase est celle de la délibération. Elle est effectuée par le jury au cours de la cérémonie du 25 janvier 2025. Enfin, la cinquième phase est celle de la distinction. C’est l’apothéose avec la remise du prestigieux trophée par une personnalité digne de ce rang au lauréat méritant. Il faut préciser que l’ensemble du processus de désignation sera sécurisé par un huissier de justice.
LP : Peut-on avoir une idée du jury qui désignera les heureux élus ?
AK : Le jury est constitué de 15 personnalités exemptes de reproche quant à leur probité morale. Il s’agit de personnalités d’horizon et de parcours divers, il en est de même concernant leur formation, de profession et de fonction. En effet, le jury est constitué de Directeurs généraux, d’enseignants, de chercheurs, d’experts et de personnalités n’étant pas affichées dans la vie politique, mais connues du grand public pour leurs qualités professionnelles et leurs fonctions.
LP : Il existe déjà beaucoup de cérémonies de distinction de personnalités en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire. En quoi votre événement est-il différent de ce qui se fait déjà ?
AK : Pouvez-vous trouver une cérémonie avec autant d’avantages à la fois pour le pays et le continent que le High Impact Personality of Africa ? En une seule cérémonie, donner des modèles à suivre aux populations à la fois pour le développement du pays et du continent à travers des activités qui apportent des améliorations significatives pour le progrès et le bien-être. En une seule cérémonie, lutter contre la fuite des cerveaux et l’émigration clandestine.
En une seule cérémonie, promouvoir l’intégration, autrement dit, la création de richesses et d’emplois, l’intensification de la circulation des personnes et des biens. Mieux, ce prix diffère des autres par son objet, car c’est le seul qui porte sur l’impact et non sur les résultats immédiats ! Il est à noter que les lauréats bénéficieront d’une médiatisation en rapport avec leur activité sur 12 mois. En plus, ils feront l’objet d’ouvrages biographiques. Tout ceci dans le but d’orienter, de motiver les jeunesses africaines. Ce prix procure bien d’autres avantages pour les lauréats, les populations, les États et le continent…
LP : Vous avez choisi Abidjan pour abriter la première édition. Pourquoi ?
AK : Notre choix s’est porté sur Abidjan pour multiples raisons. En effet, la Côte d’Ivoire est par excellence un pays d’hospitalité, un pays-carrefour et poumon économique régional. Il accueille de nombreux ressortissants africains. Le pays constitue en lui-même un modèle d’intégration. Il faut noter que ce pays qui a organisé la dernière coupe d’Afrique à la perfection est dans une dynamique de croissance au plan économique, urbain, rural et culturel. La bataille pour doter le pays d’infrastructures en adéquation avec les défis du développement est engagée sur toute l’étendue du territoire. Autorisez-moi ce néologisme, la Côte d’Ivoire connait une révolution « infrastructurelle » qui n’épargne ni ville ni village. Il faut ajouter à cela que le pays séduit par sa sécurité et sa stabilité dans un contexte régional dominé par le terrorisme et les crises politiques. Naturellement, toutes ces transformations portent la marque d’un grand stratège, d’un visionnaire. C’est aussi pour nous l’occasion de rendre un vibrant hommage à l’action du Président Alassane Ouattara qui développe son pays avec un flair de limier, un talent d’orfèvre et une profonde expertise.
LP : Quand l’événement se tiendra-t-il et quelles seront les grandes articulations de la cérémonie ?
AK : Nos équipes sont à pied d’œuvre pour que la cérémonie valide toutes les attentes des Africains, à savoir sa réalisation effective le 25 janvier 2025 au Palais des congrès du Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan en présence de personnalités de haut rang. Pour une telle cérémonie qui prend en compte 15 domaines de développement concernant tout un continent, qui constitue en elle-même un point de départ du renforcement de l’intégration de tout un continent, de surcroît la première à l’attention des 55 pays que compte l’Afrique, nous sollicitons le haut parrainage et la présence du chef de l’État. Mais ce n’est pas seulement pour l’envergure de la cérémonie que nous le sollicitons. Il y a une autre raison aussi importante que la première. En effet, la logique et la cohérence imposent, pour le parrainage d’une manifestation, une personnalité qui puisse elle-même servir de modèle par rapport aux objectifs. Ainsi, pour la célébration des « personnalités à fort impact sur le développement de l’Afrique », importe-t-il que le choix porte sur un Africain qui, par ses réalisations, puisse lui-même servir de modèle pour la jeunesse et les acteurs du développement d’une part, et d’autre part, pour inspirer l’action des personnalités à célébrer. Le Président Ouattara incarne ce leader dans toutes ses dimensions.
LP : Quelles sont les personnalités attendues ?
AK : Une des spécificités de cette cérémonie réside dans l’invitation d’une personnalité étrangère au pays d’accueil pour renforcer à la fois la dimension africaine et intégrative. Le Maroc est incontestablement un pays-pilier du développement du continent africain par l’intégration et la coopération. Ses investissements croissants dans d’autres pays africains, ainsi que son implication directe à diverses phases de la mise en œuvre des politiques de développement, et particulièrement en Côte d’Ivoire sont les raisons pour lesquelles, nous inviterons Sa Majesté, le Roi Mohamed VI.
LP : Quelle sera sa périodicité ?
AK : La périodicité est annuelle, mais il faut savoir que le même type de cérémonie avec les mêmes principes pourrait se dérouler dans chaque pays africain et avec la même périodicité. Nous y travaillons activement.
LP : Beaucoup de cérémonies de distinction disparaissent au bout de quelques années. Quelles dispositions avez-vous prises pour pérenniser votre événement ?
AK : Nous créons une dynamique, nous mettons en place un réseau pluridisciplinaire d’experts africains (RCRC) qui produira des rapports pour répondre à ce défi, à évaluer l’intégration et l’impact des activités de développement. Nous avons mis en place tout un système de partenariat unique en son genre d’une part avec la presse, et d’autre part, les entreprises. Les avantages de ces partenariats dépassent largement le cadre du marché local. Par ailleurs, nous encourageons de nouveaux partenaires à associer leur image au développement, à l’intégration et l’avenir du continent. Aucune autre activité ne saurait apporter autant de visibilité et d’audience à un sponsor. Sachez que tous les pays du continent sont concernés. C’est un événement majeur parmi les événements majeurs. En plus, nous solliciterons le soutien de leaders tels que le Président Alassane Ouattara, le Souverain Marocain Mohamed VI. Il s’agit là, de personnalités dotées de grandes visions qui savent mieux que quiconque la valeur de l’intégration et qui ont pris toute la mesure des défis de notre continent.
Réalisée par Y. Sangaré