Interview-Pierre Dagbo Godé : “C'est un congrès illégal que nous ne reconnaissons pas”

Après le congrès organisé le 8 et 9 novembre derniers par la branche du FPI dirigée par Affi N'Guessan, son challenger, Pierre Dagbo Godé qui a saisi la justice à l’effet de suspendre ce cinquième congrès ordinaire, s'est confié à votre quotidien préféré. Entretien.

Interview-Pierre Dagbo Godé : “C'est un congrès illégal que nous ne reconnaissons pas”
Pierre Dagbo Godé : "est le congrès de l'usurpation, tout simplement."

Le Patriote: Le FPI a organisé récemment son congrès et M. Affi a été désigné candidat du parti à la présidentielle de 2025, quel commentaire faites-vous de cette décision et de la tenue du congrès ? 

Pierre Dagbo Godé: Ce que je veux dire, c'est que le FPI n'a pas organisé de congrès. C’est Affi qui a organisé un congrès à sa mesure. Il a organisé un congrès à sa mesure pour s'auto-désigner président du FPI et candidat du FPI à l'élection de 2025. Pour nous, ce congrès est illégal parce qu'il a été organisé à la base de décisions illégales. Nous avons saisi le tribunal et nous attendons qu’il tranche le débat.

LP : Pensez-vous qu'au FPI, on ne peut plus rattraper les choses telles qu'elles sont parties ? 

PDG: Non, le FPI est un grand parti. C'est Affi  qui veut s'approprier le FPI, qui veut s'engager dans une voie autocratique, mais c'est une voie qui est sans issue. Elle est sans issue dans la mesure où il veut s'approprier le parti. Or, le FPI appartient à tous ses militants. Le FPI interdit qu'un individu ou un groupe d'individus s'approprient le parti. Le FPI repose sur le droit à la différence. Ce sont toutes ces valeurs que Affi ne respecte plus. Parce qu'il est comme dans une sorte de déséquilibre mental. Pour lui, désormais, le FPI est sa propriété privée. Il peut en faire ce qu'il veut.  Ce que nous ne pouvons accepter. Et nous pensons que le juge nous donnera droit cette fois-ci et nous allons repartir sur de nouvelles bases. 

LP: Vous entrevoyez donc un nouveau congrès ?

PDG: Oui, après la décision du juge. Si le juge nous fait droit, il y aura un nouveau congrès du FPI qui va être organisé sur des bases égales, des bases respectueuses des statuts et règlement intérieur du Front populaire ivoirien. Ce qui n'est pas le cas avec le congrès qu'il vient d'organiser. Voilà pourquoi nous n'étions pas à ce congrès illégal.

LP: Mais au cas où le juge ne vous suivrait pas, quelle sera votre démarche ? 

PDG: Écoutez, au cas où le juge ne nous suivrait pas, nous nous sommes donné les moyens pour gagner le procès. Si le juge ne nous soutient pas, ce sera la fin du FPI. Pour la simple raison que nous ne pouvons pas continuer avec un Affi  autocratique. Ça voudra dire que le FPI n'est plus un parti démocratique tel qu'il a été pensé, conçu par des hommes de qualité, comme les Harris Memel Fôté, les Voh Sahi et bien d'autres socialistes ivoiriens.  Donc quand le FPI va changer de nature, nous changerons aussi nos positions.

LP: Vous avez  boycotté le  congrès. Est-ce qu'il n'était pas judicieux de s'y rendre pour dénoncer la démarche du Président Affi N'guessan?

PDG: C'est le contraire qui aura été une faute politique pour nous.  Vous ne pouvez pas saisir le tribunal pour annuler quelque chose, vous allez vous y rendre quand même. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. On pourrait nous  l'imposer. Moi, je considère que ce congrès est illégal.  Je ne pourrais pas me rendre à un congrès illégal. J'attends la décision de la justice. Si le juge me fait droit, alors on va se réunir au FPI pour organiser un autre congrès. Dans le cas contraire, moi, je ne me reconnaîtrai plus dans le FPI dirigé par Affi.

LP: Est-ce qu'on peut qualifier ces assises de congrès de la honte pour le FPI?

PDG: C'est le congrès de l'usurpation, tout simplement. Affi N'guessan veut s'approprier le FPI, mais il n'en est pas le fondateur. Le FPI appartient à tous ses militants. Il veut usurper le parti.  Il veut s'approprier le parti. C'est une violation totale de tous nos textes 
Oui, je suis d'accord avec vous, c'est un congrès de la honte, parce qu'un candidat ne peut pas suspendre un autre candidat avec ses partisans. En plus, pour cinq ans.  Ce qui veut dire que durant tout ce temps, il ne veut pas qu'on lui fasse de la critique, de l'opposition.
C'est ce que ça veut dire. Non, on ne peut pas continuer avec un autocrate. Je pense que la Côte d'Ivoire doit être un pays sérieux. Il faut que les hommes politiques mettent la politique à un niveau qui ressemble au niveau atteint par notre pays grâce au Président de la République Alassane Ouattara. Nous sommes un pays dominant. Il faut que les hommes politiques soient à ce niveau, une politique très élevée, pour que nous fassions de la politique un instrument élégant, un instrument qui puisse élever chaque Ivoirien là où il se trouve.


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