Politique nationale : Le PPA-CI se meurt à petit feu après son boycott de la présidentielle et des législatives

Politique nationale : Le PPA-CI se meurt à petit feu après son boycott de la présidentielle et des législatives
Privé d'élus, le parti marche vers sa fin (Ph DR)

Laurent Gbagbo a-t-il décidé de mourir avec son parti ? Tout porte à le croire, au regard des faits. Après avoir boycotté la présidentielle du 25 octobre dernier, le PPA-CI remet le couvert aux législatives en choisissant, une nouvelle fois, de ne pas participer au scrutin. Et ce, au moment même où Laurent Gbagbo annonçait son retrait de la direction de sa formation politique. Des décisions qui n’ont pas été sans conséquences. Loin de faire l’unanimité, ces choix ont provoqué un véritable séisme interne. Dès la présidentielle, la ligne de la « chaise vide » avait été frontalement contestée. Ahoua Don Mello, vice-président du parti, s’est désolidarisé de la position officielle et a décidé de se porter candidat. La sanction a été immédiate : lui et ses soutiens ont été déchargés de leurs responsabilités. Même scénario pour les législatives : plusieurs hauts cadres ont choisi d’entrer dans la course. Parmi eux, le vice-président Stéphane Kipré, le SGA Blaise Lasm, la présidente des femmes Sery Louma, ou encore le président des jeunes, Prince-Arthur Dalli. Eux aussi ont été démis de leurs fonctions. Au total, 22 responsables ont été sanctionnés pour candidatures indépendantes, en dépit de l’interdiction formelle du parti. 

La décision du PPA-CI de boycotter ces deux rendez-vous électoraux surprend d’autant plus que Laurent Gbagbo affirmait, le 12 avril à Dabou, qu’il serait bel et bien présent à la présidentielle : « Nous allons aux élections et nous allons gagner les élections », assurait alors l’ancien chef de l’État. Même ambiguïté autour des législatives. À la veille du scrutin présidentiel, Gbagbo annonçait qu’il quitterait la présidence du parti après le congrès prévu… précisément après les législatives, laissant donc entendre que sa formation y participerait.

Pour de nombreux observateurs, le choix du boycott, alors que Gbagbo avait la possibilité de soutenir un candidat — notamment Ahoua Don Mello — s’apparente à un tir dans le pied. « Un parti vit à travers ses élus. L’Assemblée nationale est l’espace où se discutent les grandes orientations de la nation. Cette absence lui sera préjudiciable dans les années à venir. Cette stratégie du boycott va à coup sûr affaiblir le PPA-CI », analyse un spécialiste. Qui ajoute : « La stratégie de Laurent Gbagbo ressemble à une politique de la terre brûlée. On a l’impression qu’en quittant la scène, il a décidé d’emporter son monde avec lui. »

Rahoul Sainfort