1ère audience du procès "Valérie Yapo- PDCI"/ Me Alain Bokola, son avocat : « Le droit est de notre côté »

Hier, jeudi, s'est tenue au palais de justice du Plateau la première audience du procès opposant Valérie Yapo au PDCI-RDA, audience qui a été reportée au 24 avril prochain. Lors de la conférence de presse organisée au cabinet de Me Alain Bokola, avocat de Mme Valérie Yapo, ce dernier a indiqué contester la sanction infligée à sa cliente « tant sur le fond que sur la forme ». Pour lui, la décision prise par le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, par l'intermédiaire du conseil de discipline, est entachée d'irrégularités. « Nous avons constaté qu'après avoir pris cette décision, M. Thiam s'est exprimé publiquement en affirmant détenir exclusivement la nationalité française – ce qui, selon nous, constitue un manquement aux règles régissant l'organisation des partis politiques en Côte d'Ivoire. Les textes sont clairs : pour être président d'un parti politique, pour présider ou pour constituer un conseil d'administration et un conseil de discipline, il faut être ivoirien. Un individu exclusivement français ne peut pas exercer ces fonctions, ni sanctionner un membre du bureau politique d'un parti en Côte d'Ivoire. Par ailleurs, cette décision, qui devrait être prise par le Congrès dans le cadre d'une suspension assortie d'un délai précis, apparaît comme une radiation déguisée », a-t-il situé.
Selon Me Bokola, la récente déchéance de la nationalité française de Tidjane Thiam, annoncée ce jeudi 19 mars, n’impacte pas la procédure en cours. « Le fait que M. Thiam, au moment de la sanction, était exclusivement français constitue un manquement évident aux règles. Même si, par la suite, sa situation a évolué, le principe de non-rétroactivité nous permet de considérer que, lors de la sanction, il ne remplissait pas les conditions requises. C'est comme conduire un véhicule sans permis : obtenir ce permis ultérieurement ne change rien à l'infraction commise au moment des faits». Et d'ajouter :« Le droit est de notre côté, et je souhaite que ma cliente soit réintégrée, car c'est une femme politique de longue date, » conclut Me Bokola.
Pour sa part, Valérie Yapo a affirmé que la sanction prise à son endroit vise à la faire taire. « Depuis le 29 octobre 2024, j'ai été sanctionnée et j'ai reçu la notification qu'en février 2025. Je pense que j’avais raison trop tôt, puisque je dénonçais déjà, lors des réunions, la question de la double nationalité du président. Cette sanction n'est qu'une tentative de me bâillonner, alors que le bureau politique se prépare et que la convention approche », a-t-elle martelé.
Interrogée sur ses attentes, elle insiste : « Je n'accepte pas cette décision illégale. Après 30 ans de militantisme et mon élection en 2013, on ne peut pas m'exclure sans un congrès. Il faut me réintégrer, et le reste, la justice suivra son cours ». Le report de l’audience au 24 avril s’inscrit dans le cadre de la procédure civile de mise en état, qui permettra aux parties d’échanger leurs arguments avant une délibération finale.
Rahoul Sainfort