63ᵉ Assemblée Générale de la FIF : Une ère nouvelle s’ouvre pour le football ivoirien

63ᵉ Assemblée Générale de la FIF : Une ère nouvelle s’ouvre pour le football ivoirien
La Fédération ivoirienne de football a posé la première pierre de son nouveau siège, un bâtiment de 4 niveaux d’un coût de 3,9 milliards FCFA, dont la livraison est prévue dans deux ans (Ph DR)

Il est des jours qui ne s’oublient pas. Le lundi 30 juin 2025 restera gravé dans la mémoire collective du football ivoirien comme un moment fondateur : celui où la Fédération ivoirienne de football (FIF) a solennellement posé la première pierre de son avenir. Une cérémonie triptyque – bilan, modernisation, action – qui a incarné bien plus qu’un simple rendez-vous institutionnel. Elle a été la démonstration éclatante d’une vision renouvelée, d’une gouvernance éclairée et d’un engagement sans faille pour l’intégrité du sport roi.

Dès les premières heures de l’Assemblée générale ordinaire tenue au siège de la FIF à Treichville, le ton était donné. En présence de figures majeures du paysage sportif national et international notamment le ministre délégué aux Sports, Adjé Silas Metch, le maire de Treichville François Albert Amichia, la représentante de la FIFA Fatou Binetou Ba Ndiaye, et encore Ibrahim Musa Gusau, président de l’UFOA B, la Fédération a dévoilé des ambitions à la hauteur des attentes d’un football en quête de rayonnement durable.

 

Un nouveau siège dans 24 mois

Le point d’orgue de cette journée fut sans conteste la pose symbolique de la première pierre du futur siège de l’institution. Implanté sur le site historique de la FIF à Treichville, ce projet de 3,9 milliards FCFA traduit une volonté claire : offrir un cadre institutionnel moderne, fonctionnel et économiquement viable. Imaginé comme un centre névralgique du football ivoirien, le bâtiment comprendra trois niveaux de bureaux à usage locatif (2 700 m²), des espaces dédiés aux services de la FIF, ainsi que 1 450 m² de surfaces commerciales. Ce nouvel édifice ne sera pas seulement un lieu de gestion, il incarnera une vitrine du football ivoirien moderne et structuré.

Porté par la Banque nationale d’investissement (BNI) et réalisé par la société PFO, le projet vise à renforcer l’autonomie financière de la Fédération grâce à des revenus locatifs pérennes. Selon les projections, le retour sur investissement pourrait s’opérer en moins d’une décennie. A travers ce chantier, la FIF fait ainsi le pari d’une gouvernance  tournée vers l’avenir, intégrant performance économique, rayonnement institutionnel et enracinement territorial, comme l’a souligné son président Yacine Idriss Diallo : « Nous avons nos racines à Treichville. C’est là que nous avons toujours évolué. »

 

Gouvernance ambitieuse, résultats tangibles

Le temps de l’évaluation a aussi été un moment fort de cette Assemblée. Yacine Idriss Diallo a présenté un bilan éloquent : sur les quatorze engagements pris en début de présidence, treize ont été concrétisés. Si la non-qualification pour les Jeux Olympiques reste un regret, la stabilité retrouvée dans la grande famille du football ivoirien est une conquête saluée par tous les partenaires. Cette cohésion retrouvée se lit aussi dans les actes concrets : la remise de 18 nouveaux cars aux clubs affiliés, portant à 33 le nombre total de véhicules octroyés depuis l’arrivée de l’équipe fédérale actuelle dans le cadre d’un projet fédéral d’équipement des associations membres. Autant de mesures qui soutiennent la logistique des clubs et leur mobilité, notamment en régions.

Sur le plan sportif, la saison 2023-2024 a été qualifiée de « riche en avancées », malgré les défis persistants : une affluence décevante en Ligue 1 et un déficit organisationnel chiffré à plus de 173 millions FCFA. Le développement du football amateur se poursuit, mais des lacunes importantes en infrastructures, notamment à Abidjan, ainsi que des comportements antisportifs en fin de saison, rappellent les défis structurels à surmonter.

 

Tolérance zéro face à la manipulation des matchs

L’Assemblée a également franchi un cap décisif en matière d’éthique et de discipline. La FIF a adopté à l’unanimité l’interdiction des paris sportifs pour l’ensemble des acteurs du football (joueurs, encadreurs, dirigeants, arbitres), actant une réforme majeure pour l’assainissement du milieu. Cette mesure a été renforcée par l’amendement des règlements généraux, créant l’article 123 bis, qui introduit des sanctions sévères contre toute implication dans des pratiques de manipulation de matchs. L’article 123 bis engage la responsabilité individuelle des joueurs, ainsi que celle des clubs en cas de complicité. Les sanctions prévues sont lourdes : une amende de 10 millions FCFA, une suspension allant de 12 mois à 5 ans, voire une radiation définitive selon la gravité des faits. La FIF veut protéger ses compétitions, restaurer la confiance, et hisser la Côte d’Ivoire au rang des nations où le football ne transige pas avec l’éthique.

 

Finances contrastées mais en progression

Sur le plan financier, l’exercice 2024 est marqué par une hausse significative des recettes… et une pression accrue sur les charges. Le financement du football a connu un souffle nouveau, avec une augmentation record de 1 051 % des dons, grâce notamment à l’appui du COCAN (800 millions FCFA contre 69 millions en 2023). Les produits de l’équipe nationale ont grimpé de 72 %, atteignant 8,84 milliards FCFA.

Toutefois, ce dynamisme ne masque pas une baisse du résultat net de 62 %, s’établissant à 705 millions FCFA. Cette contre-performance s’explique par l’alourdissement des charges, en particulier des frais de transport (+44 %), dans un contexte de participation accrue aux compétitions.

L’actif de la FIF affiche néanmoins une santé solide avec 17,72 milliards FCFA, dont 5,39 milliards de trésorerie disponible. La trésorerie nette progresse (4,91 milliards FCFA), et le flux opérationnel est positif (+1,09 milliard FCFA). Signal d’alerte, cependant : le ratio de liquidité générale chute à 20,21 %, traduisant un besoin de vigilance sur la solvabilité à court terme.

 

Rayonnement régional et ambition continentale

Symbole de son rayonnement croissant, le président de la FIF a été distingué lors des CIS Awards en Guinée comme meilleur dirigeant de l’Afrique de l’Ouest. Cette reconnaissance vient couronner une démarche rigoureuse, appuyée par des choix stratégiques et des résultats tangibles.

Le message du gouvernement, exprimé avec clarté par le ministre délégué aux Sports, a été sans équivoque : les ambitions ivoiriennes doivent s’étendre au-delà des frontières. Qualification pour la CAN 2025 au Maroc, préparation rigoureuse à la Coupe du monde des Cadets, et impératif de qualification pour le Mondial 2026. Autant de défis à relever pour une nation qui se veut grande par le football, mais exemplaire par sa gouvernance.

OUATTARA Gaoussou