Crise à la Fédération ivoirienne de taekwondo : Comment le camp Yacé veut compromettre les relations entre la Côte d'Ivoire et la Corée

Crise à la Fédération ivoirienne de taekwondo : Comment le camp Yacé veut compromettre les relations entre la Côte d'Ivoire et la Corée
Kouadio Rodolphe et Soumahoro Brahima, porte-paroles des pétitionnaires favorables à Yacé, sont les représentants de l'ITF de la Corée du Nord en Côte d'Ivoire, organisation rivale à la World taekwondo et au Kukkiwon de la Corée du Sud (Ph DR) 

« Quand Jupiter veut perdre un homme, il lui ôte la raison ». Et dans le cas du taekwondo actuel, il est temps de sévir avant qu'il ne soit trop tard. Convaincu de la justesse du combat du Comité directeur de transition de la Fédération ivoirienne de taekwondo (CDT-FITKD), Jean-Marc Yacé  a décidé de pactiser avec l'ennemi et même de s'en prendre aux intérêts de la Côte d'Ivoire. Une situation qui pourrait créer un malaise entre la Côte d'Ivoire et la Corée si rien n'est fait.
Révoqué de son poste de président de la FITKD, le 19 octobre 2024, le maire PDCI de Cocody est tourmenté. En voulant montrer qu'il détient la barre, il a suscité une pétition qu'auraient signé 237 maitres de salle. Une belle initiative pour le soldat Yacé qui, bien évidemment, doit reprendre la main sur la fédération. Mais comme il est de coutume qu'aucun crime n'est jamais parfait, le président déchu a opéré un choix très controversé pour la représentation de la soi-disant liste de pétitionnaires, soulignant une méconnaissance alarmante de l'histoire du taekwondo mondial et ivoirien.

Kouamé Rodolphe et Soumahoro Brahima, les traitres


Pour faire porter sa voix et celle des clubs qui seraient acquis à sa cause, le clan Yacé a fait appel à Kouamé Rodolphe et Soumahoro Brahima, deux individus accusés d'avoir trahi le taekwondo ivoirien ainsi que la World Taekwondo (WT), organisme officiel auquel la Côte d’Ivoire est affiliée depuis 1973. Ces accusations reposent sur leur collaboration présumée avec l'International Taekwondo Federation (ITF), une organisation soutenue par la République de Corée du Nord et rivale de la World Taekwondo, créée et soutenue par la République de Corée du Sud.
Des documents visuels ont récemment montré Rodolphe et Brahima recevant des diplômes de l'ITF. Sur d'autres supports, les deux représentants de l'ITF sont en train de mener des activités de promotion pour cette entité en Côte d'Ivoire. Ces actions soulèvent des inquiétudes significatives.  Et pour plusieurs raisons dont la plus importante est surtout le fait que la Côte d'Ivoire n'entretient pas de relations diplomatiques avec la Corée du Nord. 


Le choix de ces individus comme représentants de la liste de pétitionnaires semble indiquer que Yacé pourrait ne pas être pleinement conscient de l'impact de telles affiliations sur le statut international de la fédération ivoirienne de taekwondo. Cette association pourrait non seulement compromettre les relations entre la Côte d'Ivoire et la Corée du Sud mais également ternir l'image du taekwondo ivoirien sur la scène mondiale. A travers la caution apportée à ces deux individus, le maire PDCI de Cocody trahit la communauté des taekwondoïstes ivoiriens mais aussi l'Union Africaine de Taekwondo (UFTA), la World Taekwondo, le Kukkiwon (Académie mondiale du Taekwondo), la KOICA, l’Ambassade de Corée à Abidjan, et au gouvernement ivoirien.
Et quand on connait la rivalité qui existe entre la Corée du Sud et sa voisine du Nord, la démarche de Yacé s'avère suicidaire et néfaste pour la coopération entre le pays d'Alassane Ouattara et celui de Yoon Suk-yeol. En prenant le pari de la Corée du Nord, Yacé décide de combattre la Corée du Sud.

Côte d'Ivoire-Corée, une relation forte de plus de 60 ans


La Côte d'Ivoire et la Corée du Sud sont unies et entretiennent des échanges diplomatiques et économiques robustes depuis 1961. La Côte d'Ivoire, faut-il le rappeler, dès son indépendance en 1960, est le premier pays africain à avoir noué des relations diplomatiques avec la Corée du Sud.
Une solidité et une excellence des relations que le chef de l'Etat n'a pas manqué de rappeler, le jeudi 22 décembre 2022, au Palais de la Présidence, lors d'une audience accordée à l'Ambassadeur de la Corée en Côte d'Ivoire de l'époque, SEM Lee Sang Ryul, venu lui faire ses adieux. A cette occasion, le président Ouattara avait même marqué sa satisfaction et rappelé la visite de travail qu'il a effectué dans ce pays en 2014, au cours de laquelle des engagements ont été signés. Il s'agit entre autres du Centre sportif, culturel et des TIC ivoiro-coréen Alassane Ouattara (CSCTICAO), inauguré en 2021, année marquée par le 60e anniversaire des relations diplomatiques ivoiro-coréennes. Le centre abrite d'ailleurs différents évènements sportifs, culturels ainsi qu’économiques dans son immense gymnase et sa salle polyvalente. Dotée de matériels informatiques sophistiqués, la salle TIC permet aux jeunes ivoiriens de se faire former et d'affronter le monde de l'emploi. Le gouvernement coréen mise sur le renforcement de sa coopération avec l'Etat ivoirien dans le domaine de la santé avec ses projets d'envergure tels que la construction du Centre national d’oncologie et de radiothérapie médicale, les travaux de branchements sociaux pour l’accès à l’eau potable, le traitement et la prévention des fistules obstétricales, à travers la KOICA (Agence coréenne de coopération internationale).
Et l'actuel Ambassadeur Kim Saeng travaille à consolider la coopération entre les deux pays. Le 28 octobre 2024, la Corée à travers son Ambassadeur a fait don de véhicules au secrétariat permanent du comité interministériel de l'action de l'Etat en mer de la côte d'Ivoire dans le cadre du renforcement de la sécurité maritime. Le ministère du Commerce et de l'Industrie a bénéficié, en juin dernier, d'un don de véhicules et de matériels bureautiques, à l'instar du ministère des Affaires étrangères en mai. La Corée était d'ailleurs le pays invité d'honneur du MASA (Marché des arts et du spectacle d'Abidjan) 2024. C'est un allié qui oeuvre pour le développement de la Côte d'Ivoire dans plusieurs secteurs d'activités. 
Cette situation met en lumière la nécessité d'une meilleure gouvernance au sein des organisations sportives, où la compréhension du contexte historique et international devrait guider toutes formes de décisions. Avant de voir un vent de froid soufflé sur la coopération entre les deux pays du fait d'un individu, l'Etat ivoirien, à travers le ministère des Sports, doit agir au plus vite.

OUATTARA GAOUSSOU