PDCI : Tidjane Thiam, une absence troublante au bureau politique à Yamoussoukro

PDCI : Tidjane Thiam, une absence troublante au bureau politique à Yamoussoukro
L’absence de Tidjane Thiam jette une ombre sur le premier bureau politique du PDCI post Bédié.

Une absence qui en dit long. Le PDCI-RDA a (enfin) tenu, le samedi 5 avril dernier, son premier bureau politique sous l’ère Tidjane Thiam. Mais cette rencontre très attendue s’est déroulée avec une absence de taille : celle du président du parti lui-même. Tidjane Thiam n’a pu faire le déplacement de la Fondation Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix de Yamoussoukro, officiellement, pour des « raisons indépendantes de sa volonté », selon les mots du secrétaire exécutif Emmou Sylvestre. Comme il fallait s’y attendre, l’annonce de cette absence a eu l’effet d’un coup de massue sur les militants présents. Et pour cause, nombreux d’entre eux espéraient communier, pour la première fois dans ce cadre formel, avec le premier responsable du parti. La surprise et la confusion créées par cette situation inattendue ont été d’autant plus grandes parmi les militants que ce rendez-vous n’était pas n’importe lequel. En ne tenant compte ne serait-ce que du contexte et de la symbolique qu’il revêtait, ce bureau politique nécessitait la présence du premier garant de cette formation politique, sous les feux de bien  des projecteurs de l’actualité nationale. 

Ce bureau politique n'était pas, en réalité une simple formalité. Il s'agissait d’un rendez-vous hautement stratégique. D’abord parce qu’il était le tout premier sous la direction du nouveau président. Sa convocation attendue depuis des mois était réclamée avec insistance et impatience par la base, au point de provoquer des remous internes dus à son retard. Ensuite, parce que des décisions cruciales pour l’avenir du parti y étaient annoncées. Enfin – et peut-être surtout – parce que la présence du chef était considérée comme un devoir moral susceptible de battre en brèche les nombreuses controverses qui s’amoncelaient sur la route de la présidentielle à venir. Notamment pour faire mentir l'ancien ministre du Commerce et cadre du parti Jean-Louis Billon qui estime que le parti est géré par " procuration".

Un président qui convoque une réunion d’une telle importance n’avait donc d’autre choix que de la présider en personne ou, à tout le moins, de la reporter. 

En choisissant de ne pas venir – ou en échouant à organiser sa venue – Tidjane Thiam a renforcé, malgré lui, le scepticisme de ses détracteurs. Ceux-là mêmes qui l'accusent d’être peu concerné par la vie du parti, d’y voir un simple tremplin vers la présidence de la République. Cette absence, lourde de symboles, laisse en effet transparaître un certain détachement, voire un désintérêt, pour les rouages internes du parti doyen.

Dans la salle, le malaise était palpable. L’atmosphère, lourde. Les tentatives des cadres pour rassurer les militants n’ont pas suffi à dissiper le trouble. Pour beaucoup, la pilule est restée en travers de la gorge. Contre mauvaise fortune, ils ont dû faire bon cœur. Mais le doute, lui, s’est bien installé.

 

Rahoul Sainfort