Contribution : Le vertige d’une foule, la sagesse d’un homme
Dans cette contribution Kalilou Coulibaly, doctorant EDBA et ingénieur, salue la forte mobilisation des militants du RHDP samedi et dimanche derniers.

Sous un ciel en écho, les militants sont venus de partout. En cars, en camions, à moto, à pied. Par dizaines de milliers, par centaines de milliers. Le ciel en grâce a pleuré de fierté. Le sol vibrait, la Côte d’Ivoire respirait à l’unisson. Ce n’était pas un rassemblement, c’était un raz-de-marée. Un appel du cœur. Un cri gigantesque lancé vers un seul homme : Alassane Ouattara.
Quinze ans de pouvoir, et toujours là, debout, acclamé, porté par la foule comme au premier jour. Il n’y avait plus de place pour le doute : c’est lui qu’ils veulent. Encore, pour une candidature de plus.
Alassane Ouattara écoute. Il absorbe. Il promet.
C’est là que tout bascule. Là que la magie opère. Là où un autre aurait levé le poing, crié sa décision, surfé sur la vague, lui, Alassane Ouattara ne dit rien. Il regarde. Il respire. Il encaisse la vague. Il maîtrise l’ouragan. Il oppose le calme à la frénésie.
Il transforme la tempête en silence. Un silence assourdissant. Un refus d’être emporté. Ce n’est pas de l’hésitation, c’est du contrôle. Ce n’est pas du calcul, c’est de la hauteur. Il n’a pas besoin de répondre. Il a déjà dit l’essentiel : le pouvoir, c’est d’abord la retenue.
Le peuple crie, le chef réfléchit
Ce décalage est fascinant. Le peuple pulse, palpite, implore. Et lui reste droit, impassible, presque distant. On aurait pu croire à une rupture. C’est en réalité une fusion supérieure.
Il ne s’offre pas à l’instant, il se donne au temps long. Il refuse le piège de l’émotion pour écouter celui de la raison. Là où tout le monde hurle « oui », lui, pense. Ce décalage est sa force. Cette froideur apparente est une lucidité brûlante. Dans ce silence, il y a une fulgurance : le pouvoir ne se réclame pas, il se mérite encore.
Quand l’histoire devient spectacle
Il faut dire les choses : ce moment était fou. Surréaliste. Presque mythologique. Le décor : parfait. Les cris sont hystériques. Les pancartes sont incantatoires. Les slogans tournent en boucle.
Au milieu de ce cyclone d’adoration, l’homme. Seul. Serein. Presque irréel.
Ce n’était plus un président. C’était une figure. Une statue vivante. Un mythe debout dans le bruit. Il n’a rien fait, mais il a tout dit. Il a imposé le silence comme une réponse. Il a laissé la foule parler pour lui. Elle hurlait amour, fidélité, continuité.
La lecture plurielle d’un moment incandescent
Au plan politique : un plébiscite vivant, une investiture populaire sans urnes.
Au plan psychologique : un peuple en état d’euphorie collective, en demande d’un père, d’un repère.
Au plan dramaturgique : une mise en scène où le héros principal n’a qu’un rôle muet. Mais il brille davantage.
Au plan philosophique : une leçon de mesure dans un monde de précipitation.
Alassane Ouattara, au-delà du pouvoir
Ce 22 juin, Alassane Ouattara n’a pas été un président. Il a été une présence. Une conscience. Une boussole debout dans le vertige de la foule. Tandis que tout appelait une réponse, lui a offert une énigme.
Ce n’est pas un refus.
Ce n’est pas non plus un oui. Mais c’est encore mieux que ça. C’est une promesse suspendue, une intelligence du moment.
Quand tous veulent accélérer, lui choisit la gravitation universelle. C’est précisément ce qui le rend inclassable. Immense. Intact.
Kalilou Coulibaly, Doctorant EDBA, Ingénieur