Interview Ouattara Lazeni (Directeur de la Salubrité) : « Nous sommes dans la dynamique du développement durable, de la lutte contre le changement climatique »
Le gouvernement, à travers le ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, est le maitre d’ouvrage des travaux de réhabilitation de l’ex-décharge d’Akouedo. Dans cette interview, M. Ouattara Lazeni donne de plus amples informations sur le projet.
Le Patriote : Monsieur le directeur, peut-on dire que la réhabilitation de la décharge d’Akouedo est certes un projet ambitieux mais aussi un défi pour le gouvernement ivoirien ?
Ouattara Lazeni : Effectivement, le projet est un défi. Il faut dire que suite aux engagements pris par le chef de l’Etat dans le cadre de l’accord de Paris sur le changement climatique, le ministère en charge de la Salubrité a mis en place une nouvelle politique nationale de la salubrité. Cette politique vise à assainir les villes de la Côte d’Ivoire en mettant en place une bonne gouvernance pour la gestion des déchets tout en sensibilisant les populations au changement de comportement. L’objectif est de réduire les empreintes de l’impact des déchets sur la production des gaz à effet de serre. Il a donc fallu mettre en place un nouveau cadre de gestion des déchets en Côte d’Ivoire, et plus particulièrement dans le district d’Abidjan. La réhabilitation de la décharge d’Akouédo qui est grand scandale écologique, s’inscrit donc dans ce cadre.
LP : Comment se décline le projet ?
OL : Il s’agit de fermer la décharge, la réhabiliter, supprimer toutes les nuisances causées aux populations riveraines et à l’environnement. Notamment l’eau qui sortait des déchets et qui polluait la lagune. Et de créer un parc urbain permettant à la population ivoirienne notamment celle d’Abidjan d’avoir un cadre de loisir avec des aires de jeux et de promenade. Cet espace écologique donnera une autre image au district d’Abidjan et surtout à la commune de Cocody et au village d’Akouédo.
LP : Outre le parc urbain, y a-t-il des projets annexes pour le village d’Akouedo ?
OL : Oui, le village d’Akouedo n’a pas été laissé pour compte par l’Etat. Le projet comprend un volet social en faveur du village. Il y a la construction de la voirie du village, la construction d’un collège, l’équipement de l’infirmerie avec le renforcement du plateau technique, la construction d’un marché. La jeunesse du village est aussi privilégiée au niveau des travaux sur les chantiers. C’est un protocole qui a été arrêté de commun accord avec les villageois et qui est mis œuvre.
LP : Nous sommes à quelques mois de la fin du chantier. Etes-vous satisfait des travaux réalisés ?
OL : Oui. Les travaux de grandes envergures sont quasiment achevés. Nous sommes au-delà de 95% d’exécution et pour les 5 % restant, c’est de mettre en service toutes les usines mises en place. Notamment l’usine de cogénération qui va produire l’électricité. Une partie de cette électricité va permettre de faire fonctionner le parc et l’autre partie sera mise sur le réseau national vendue à l’Etat de Côte d’Ivoire. Il y a aussi l’usine pour le traitement de l’eau qui sort des déchets. Ces eaux sont récupérées et traitées puis rejeter dans la lagune selon les normes internationales.
LP : Une fois le projet achevé, la gestion va-t-elle revenir au privé ou au public ?
OL : Nous sommes en train de faire une étude de faisabilité dont on aura les résultats bientôt. On fera aussi une étude de marché pour voir quelle sera l’envergure d’exploitation du parc. Nous mettrons les différentes options sur la table du gouvernement. Soit une gestion en régie ou soit une gestion confiée à un privé compte tenu des investissements. Mais, à sortir d’un cahier de charges pour permettre que toutes les installations soient entretenues et maintenues en état de fonctionnement. D’ici la fin des travaux en décembre les options seront sur la table du gouvernement. Car le ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité M. Bouaké Fofana tient à ce que tous ces aspects soient élucidés avant la fin des travaux.
LP : Avec ce projet on peut dire que la Côte d’Ivoire est entrée de plein pied dans l’économie verte et circulaire ?
OL : Nous sommes dans la dynamique du développement durable, de la lutte contre le changement climatique. Vous avez là une zone de production de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, tout cela est maitrisé et l’empreinte du secteur des déchets dans le cadre du changement climatique est vraiment réduite. C’est dans ce même prolongement que le nouveau centre d’enfouissement technique est construit selon les standards internationaux. Ces deux infrastructures à elles seules contribuent énormément à la réduction des gaz à effet de serre dans le secteur des déchets solides en Côte d’Ivoire.
L’Etat est en train de dérouler cette politique et bientôt nous aurons le deuxième centre d’enfouissement technique d’Abidjan qui va implémenter la valorisation des déchets. Egalement, dans près d’une dizaine de localités des infrastructures adéquates seront construites selon les règles. On a essayé de regrouper les villes pour mutualiser les moyens. De Toumodi jusqu’ à Bouaké en passant par Yamoussoukro, on aura un centre d’enfouissement technique qui sera construit pour implémenter la valorisation des déchets. Les villes de Korhogo Sinématiali et Ferkessédougou seront dotées de centre d’enfouissement technique. Tous ces sites sont mis en place afin d’éliminer toutes les décharges sauvages du pays et limiter la production des gaz à effet de serre provenant des déchets que sont le méthane et le CO2.
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