Présidentielle 2025 : L’opposition fonce droit dans le mur

Présidentielle 2025 : L’opposition fonce droit dans le mur
 Avec  Gbagbo et Thiam, l'opposition s'achemine vers un échec programmé

Alors que le RHDP affûte ses armes pour la présidentielle d’octobre 2025, l’opposition, elle, multiplie les impasses : figures inéligibles, divisions internes, absence de programme. À ce rythme, elle semble foncer droit vers l’échec. La présidentielle approche à grands pas. Dans moins de cinq mois, les électeurs seront appelés aux urnes pour désigner leur prochain président. Le contraste entre les deux principaux camps politiques est de plus en plus frappant. D’un côté, un parti au pouvoir en ordre de bataille ; de l’autre, une opposition désorganisée, inaudible et dispersée. Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti au pouvoir, ne cache plus ses ambitions. Il multiplie les actions, affine sa stratégie et mobilise ses bases. Le congrès prévu les 20 et 21 juin prochains devrait officialiser la désignation de son candidat dans un climat de discipline et de clarté. Cette anticipation stratégique donne au RHDP une longueur d’avance indéniable. La machine est en marche et le terrain est bien occupé. Les populations, sensibles à cette dynamique, y adhèrent de plus en plus — y compris certains militants venus de l’opposition. 

En face, l’opposition donne l’image d’un camp en panne d’initiatives. À mesure que l’échéance approche, ses principales formations peinent à engager le dialogue avec les populations. Aucun programme clair n’a été présenté. Ni le PDCI-RDA, ni le PPA-CI, ni le FPI n’ont, à ce jour, décliné de manière concrète leurs visions pour le pays en matière de logement, de santé, d’emploi, d’éducation ou de sécurité. À défaut d’idées fortes, ce sont les revendications qui occupent le devant de la scène. Dernier exemple en date : le PDCI-RDA a adressé au Parlement européen un mémorandum comportant sept exigences, parmi lesquelles la démission du président de la Commission électorale indépendante (CEI), Kuibert Coulibaly, la recomposition de cette même CEI avant l’échéance électorale, et une révision de la liste électorale. Si ces préoccupations peuvent soulever débat, elles ne constituent en rien une offre politique capable de fédérer ou de mobiliser en profondeur.

En politique, comme le rappelle l’adage, c’est sur le terrain que se gagnent les élections. Et sur ce terrain, l’opposition reste largement invisible. À ce déficit d’idées et d’engagement, s’ajoute une autre faiblesse : le choix de candidats inéligibles. Le PPA-CI a désigné Laurent Gbagbo comme son porte-étendard, bien qu’il ait été condamné à 20 ans de prison dans l’affaire du « casse de la BCEAO ». Radié de la liste électorale, il a perdu ses droits civiques et politiques, et ne peut donc, à ce jour, se présenter à la présidentielle. Le PDCI-RDA, de son côté, a choisi Tidjane Thiam. Mais l’ancien directeur du Crédit Suisse a également été radié de la liste électorale, pour avoir procédé à son inscription alors qu’il n’avait pas encore recouvré la nationalité ivoirienne. Sa candidature reste donc suspendue à une éventuelle réintégration administrative.

 

Dans les deux cas, les partis concernés refusent toute alternative. Ils martèlent qu’il n’y a pas de plan B. Une posture risquée, qui fait penser que l’opposition préfère jouer la carte de la victimisation et du blocage institutionnel plutôt que celle de la compétitivité électorale. En interne, l’ancien parti au pouvoir a du mal à faire son unité. Entre procès-celui intenté par Valérie Yapo, membre du bureau politique,  démission de Maurice Kakou Guikahué de son poste de conseiller politique du président du PDCI, démarche solitaire de Jean-Louis Billon qui depuis plusieurs mois s’est déclaré candidat à la présidentielle, le parti, on peut le dire, est à la croisée des chemins. Laurent Gbagbo et son PPA-CI ont aussi du mal à s’imposer sur le terrain. A l’exception de quelques sorties sporadiques, les deux poids lourds des partis de l’opposition du marigot politique ivoirien que sont le PDCI et le PPA-CI ont du mal à suivre la cadence du parti au pouvoir.  Le RHDP, il faut le dire, avance avec méthode. Ses cadres sont constamment au contact des électeurs. Ses structures spécialisées que sont l’UF-RHDP, l’UJ-RHDP et l’UE-RHDP continuent de quadriller le pays pour mettre en ordre de bataille leurs membres.

Contrairement au parti houphouëtiste,  l’opposition apparaît profondément désunie. Et sans stratégie. Chaque formation joue en solo, souvent dans une logique de rivalité.  Pendant ce temps, le RHDP déroule une stratégie cohérente et disciplinée, avec une lisibilité qui séduit jusque dans les rangs adverses. Dans une élection présidentielle où chaque voix compte, l’absence d’unité équivaut à une auto-exclusion. À cinq mois du scrutin, l’opposition donne l’image d’un camp sans boussole. Faute de réajustement rapide, elle prend le risque de se retrouver spectatrice du jeu électoral. Et en politique, l’inaction, l’impréparation et la division se paient toujours au prix fort.

Rahoul Sainfort