Duekoué : Les médiateurs délégués et les comités de veille investis d'une mission cruciale

Les 18 et 19 mars derniers, la ville de Duékoué a accueilli un atelier de formation des médiateurs délégués et des comités de veille et de cohésion sociale (CVSCS) des régions de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Il visait à outiller ces acteurs clés afin qu’ils puissent intensifier leurs efforts en faveur de la pacification sociale et de la consolidation de la paix dans leurs localités respectives surtout en cette année électorale.
Les participants ont échangé sur l’état actuel de la cohésion sociale dans cette région, analysé les facteurs qui favorisent ou entravent la paix et partagé des expériences sur les mécanismes de prévention et de résolution pacifique des conflits.
Blerta Cela, représentante résident du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), a marqué l’ouverture de l’atelier par un message fort et inspirant. Elle a souligné le rôle crucial des médiateurs délégués et des membres des comités de veille dans la transformation des relations sociales en milieu communautaire. « Toutes les transformations positives dans cette zone sont les résultats du travail acharné que vous menez. C’est vous qui faites en sorte que les populations en conflit trouvent un terrain d’entente. Votre mission est noble et exigeante. Vous devez rester impartiaux quand tout vous pousse à prendre parti. Chaque action que vous entreprenez transforme l’hostilité en fraternité et tisse la paix que nous construisons ensemble », a-t-elle déclaré, insistant sur l’importance de leur vigilance face aux nouvelles menaces, notamment les discours de haine amplifiés par les réseaux sociaux. Elle a également rappelé que la Côte d’Ivoire, malgré les défis complexes, a su démontrer une résilience remarquable face aux tensions sociopolitiques.
Wakabayashi Motoharu de l'Agence japonaise de coopération (JICA) a aussi salué le rôle des médiateurs délégués et s'est engagé à les accompagner dans leur mission de maintien de la paix et de la cohésion sociale.
Adama Toungara, médiateur de la République, a quant à lui mis en lumière les origines des tensions à l’Ouest du pays, particulièrement celles issues des crises socio-politiques de 2002 à 2011. Selon lui, ces événements ont exacerbé les différends entre les communautés, fragilisant ainsi la coexistence pacifique dans des localités comme Guiglo, Duékoué, Zouan-Hounien, Danané, Bin-Houyé et Zuenoula. Il a également évoqué des conflits fonciers comme celui survenu dans la forêt du Gouindébé, qui ont aggravé les tensions sociales.
Pour Adama Toungara, cet atelier constitue une étape cruciale dans la consolidation de l’architecture de paix dans l’Ouest ivoirien. « Il s’agit de créer un cadre d’échange permettant aux participants de discuter des facteurs qui entravent la cohésion sociale et d’avoir une vision commune des mécanismes de prévention et de résolution pacifique des conflits. » Les travaux ont été structurés autour de quatre communications principales animées par des experts.
Michel Seka, médiateur délégué du Sud-Comoé, a présenté la situation de la cohésion sociale dans l’Ouest, les actions menées, ainsi que les défis et perspectives. Ouattara Peyogori, représentant du PNUD, a animé une communication sur la prévention et la résolution pacifique des conflits. Deux autres communications ont porté sur le rôle des leaders communautaires dans le processus électoral et les mécanismes de prévention des conflits, notamment l’alerte précoce.
Cet atelier marque une étape importante pour renforcer les capacités des acteurs locaux en vue de garantir une élection présidentielle apaisée et sans violence en 2025.
Junior Oulai (correspondant)