Mines artisanales : Comment l’exploitation minière lutte contre la pauvreté à Pakouabo-Baziafla

Mines artisanales : Comment l’exploitation minière lutte contre la pauvreté à Pakouabo-Baziafla
Des femmes, les pieds dans l’eau, à la recherche du métal précieux (ph  MB)  

Les mineurs artisanaux et à petite échelle sont responsables de la production d’environ 20% de l’or mondial chaque année. Le projet PlanetGold Côte d’Ivoire prévoit de soutenir directement 4.000 mineurs artisanaux et indirectement 20. 000 personnes dans les quatre principales zones EMAPE du pays. L’objectif est de réduire l’utilisation du mercure de 4,5 tonnes au cours des cinq années du projet. Le gouvernement ivoirien s’est également engagé à réduire le mercure dans l’activité minière et à promouvoir les opérations des EMAPE (exploitations minières artisanales et à petite échelle) responsables et légales, y compris le lancement d’une initiative visant à aider les mineurs à formaliser leur travail. Ce, grâce à une formation professionnelle sur les sites informels existants. 
Pour rappel en 2020, un total de 38 licences d’exploitation minière artisanale étaient en vigueur pour l’extraction de l’or.  L’activité minière est présente dans 24 des 31 régions de la Côte d’Ivoire, employant plus de 500.000 personnes dont près de 300.000 opèrent dans le nord du pays, selon Franck Oliver Gnahoré, responsable de communication à PlanetGold. Plus de 85% des effectifs sont composés par des jeunes. 
Afin de constater de visu l’impact des activités minières sur la vie des exploitants miniers artisanaux, PlanetGold a organisé une visite de terrain au profit des professionnels des médias le jeudi 29 août dernier à Baziafla, dans la sous-préfecture de Pakouabo et dans le département de Bouaflé.  Cette immersion a permis aux journalistes ivoiriens de connaitre la perception des populations sur l’activité des exploitants miniers artisanaux à l'effet de comprendre les différents programmes de PlanetGold qui améliorent les compétences techniques des mineurs, font la promotion  des pratiques minières responsables et renforcent  la résilience économique des communautés.
Sur le projet de Baziafla 1, Richard Douin, exploitant minier artisanal, propriétaire de 6 parcelles et membre de la coopérative Cahoka, emploie 200 personnes. Il raconte qu’avant 2024, c’était les orpailleurs illégaux qui exerçaient de manière clandestine sur ledit site. « Avant, c’était les opérateurs clandestins qui travaillaient ici. Grâce aux autorités administratives et autres, nous avons une autorisation officielle pour travailler sur ce site. Désormais nous travaillons de façon légale sur une superficie de 25 hectares. Ce qui permet de garantir la sécurité ici. Notre coopérative sert d’exemple en vue d’encourager nos frères. Grâce à cette autorisation, je gagne bien ma vie. J’ai pu me bâtir une maison. J’arrive à scolariser mes enfants… », a-t-il confié entre deux consignes. 
Kader Coulibaly, géologue, avance que son activité sur ce site, consiste à faire gagner beaucoup d’argent, en évitant les pertes énormes, à travers la localisation du métal précieux. « Je suis en contrat de deux ans. Mon travail ici me rapporte assez d’argent. Ça me permet de m’occuper de ma petite famille », a-t-il témoigné. En réalité, selon les travailleurs rencontrés sur place, l’utilisation du mercure est interdite sur les sites autorisés. «On nous a interdit l'utilisation du mercure ici. Tout ce que nous trouvons dans l’extraction est payé par grammage. Mais quand nous creusons, un seul trou peut faire deux semaines d’exploitation, et cela dépend souvent des résultats. Par jour, je peux extraire au moins 20 grammes, ce qui me revient à peu près à 80.000 F CFA. Je me débrouille avec pour m’occuper de mes enfants et moi-même », a confié un autre exploitant dans l'anonymat. A les écouter, une fois le minerai récupéré, les trous sont aussitôt refermés.

La présence des femmes


Parmi ces travailleurs, on trouve des jeunes filles et des femmes.  A côté des hommes, certaines femmes ont accès aux trous, tandis que d’autres exercent des métiers annexes. A savoir la vente de nourriture sur les sites. « Je n'ai plus de mari. Je viens vendre ici pour pouvoir m'occuper de mes enfants qui sont à l'école. Je gère le reste de mes dépenses avec tout ce que gagne ici », nous apprend Mme Tra Bi, une restauratrice. « On récupère l’or, on le lave à l’eau. Ensuite, on procède au tri pour extraire l’or. On ne se plaint pas trop. On fait ce travail pour aider nos maris, car la vie est chère partout. Cela fait quatre mois que je me suis investie dans cette activité. Souvent, je gagne 80 000 FCFA par mois », a fait savoir une dame qui a requis l’anonymat. 
Pour Boti Lou Mariam, restauratrice sur le site, indique que son commerce lui profite beaucoup. Car elle arrive à s’occuper d’elle-même et de ses enfants. Pour le président des jeunes de Baziafla, Zamblé Bi, « les sites qui sont exploités dans notre village sont bien organisés. Car ça permet au village de se développer. Nous avons pu construire un centre de santé, le foyer polyvalent des jeunes et d’autres projets ».


Malaoua Bertin (envoyé spécial à Bouaflé)