PDCI : Tidjane Thiam opte pour la démission pour fuir une humiliation judiciaire face à Valérie Yapo

PDCI : Tidjane Thiam opte pour la démission pour fuir une humiliation judiciaire face à Valérie Yapo
Tidjane Thiam préfère une petite honte pour éviter la grande

« Dans l’intérêt du parti, j’ai décidé de remettre entre vos mains, à vous militants, mon mandat de président du parti. » C’est par ces mots, diffusés dans une vidéo relayée lundi 12 mai sur les réseaux sociaux, que Tidjane Thiam a annoncé sa démission de la présidence du PDCI-RDA. Avant cette déclaration, l’ancien président du plus vieux parti ivoirien a évoqué un « harcèlement judiciaire inique et insidieux », mené selon lui par des personnes manipulées dans l’ombre, dans le but de l’« écarter de la vie publique et politique », de « le priver de ses droits fondamentaux » et de « porter atteinte à sa dignité, jusqu’à contester sa nationalité ». 

Dans cette allocution, Tidjane Thiam dénonce une volonté manifeste de placer le PDCI-RDA sous tutelle. Pour prévenir une telle issue, il dit avoir choisi de se retirer de la tête du parti. Cette décision intervient à quelques jours du verdict dans le procès qui l’oppose à Valérie Yapo, membre du Bureau politique du parti, prévu le 15 mai. Cette dernière conteste la légalité de son élection et, par ricochet, celle de tous les organes mis en place sous sa direction. Pour plusieurs observateurs, cette démission apparaît comme une stratégie visant à devancer une éventuelle destitution judiciaire, qui aurait constitué une véritable humiliation pour celui que l’on présente comme un intellectuel brillant, ancien patron de grandes institutions financières internationales, et premier Ivoirien diplômé de Polytechnique. Une telle issue face à une « simple militante » aurait sans doute terni son image.

 À Abidjan, on résume la manœuvre par une formule populaire : « une petite honte vaut mieux qu’une grande honte ». En quittant la présidence du PDCI, Tidjane Thiam vide la plainte de sa substance : l’objet du litige — son illégitimité à la tête du parti — n’existe plus. Mais cette manœuvre suffira-t-elle à mettre fin à l’action judiciaire ? Réponse le 15 mai. Dans l’immédiat, l’intérim est assuré par Ernest N’Koumo Mobio, doyen des vice-présidents du parti. Ce dernier a aussitôt nommé Tidjane Thiam président délégué du PDCI-RDA, un poste non prévu par les statuts du parti, suscitant interrogations et critiques dans les rangs.

Par ailleurs, l'on a appris hier lundi la tenue d’un congrès extraordinaire le 14 mai, convoqué dans la foulée du Bureau politique qui s’est réuni en urgence après cette démission. Là encore, la stratégie semble évidente : le PDCI, conscient du sort qui pourrait être réservé à son président au terme du procès du 15 mai, cherche à anticiper la décision judiciaire en régularisant son élection à la tête du parti. Comme lors du congrès de décembre 2023 qui avait porté Tidjane Thiam à la présidence, la précipitation avec laquelle cette nouvelle rencontre est organisée en dit long. En effet, l’organisation d’un congrès exige une préparation minutieuse : les candidats doivent avoir le temps de constituer leurs dossiers, un comité électoral doit être mis sur pied. Ce n’est pas en 48 heures que tout cela peut être réalisé. Tout laisse penser que cette démarche vise à glorifier le « prince », au détriment de la transparence et de la crédibilité du processus. Une méthode qui n’offre pas une image sérieuse du parti.

 

Rahoul Sainfor