Présidentielle 2025 : CAP-Côte d’Ivoire entre exigences irréalistes et mauvaise foi

Présidentielle 2025 : CAP-Côte d’Ivoire entre exigences irréalistes et mauvaise foi
Vers un nouveau boycott de l’opposition ?

À sept mois de l’élection présidentielle, l’opposition regroupée au sein de la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI) multiplie les exigences irréalistes. Une posture qui laisse planer le doute sur sa réelle volonté de participer au scrutin à venir. Le jeudi 3 avril, cette plateforme politique, composée notamment du PDCI, du MGC, du FPI, de l’URD et du COJEP, a exigé, entre autres, la mise à plat du processus électoral, sur la base d’arguments jugés puérils par plusieurs observateurs. À ces revendications s’ajoutent d’autres demandes surréalistes. En effet le 17 mars dernier, lors de la cérémonie de remise de la liste électorale aux acteurs politiques et à la société civile, la porte-parole de la coalition, Simone Gbagbo, dans une déclaration, a expliqué que les membres de la CAP-CI espéraient, à cette occasion, pouvoir échanger avec le président de la CEI. Mais ce sont les mesures sécuritaires mises en place pour l’événement qui ont retenu leur attention. Elles ont été jugées excessives par l’opposition, qui y a vu un signe d’hostilité, allant jusqu’à accuser la CEI d’instaurer un climat de "belligérance" et de ne pas les considérer comme des "partenaires", mais comme des "adversaires". Pourtant, si des incidents s’étaient produits ce jour-là, c’est bien cette même CEI qui aurait été tenue responsable pour manquement sécuritaire. En réalité, l’institution électorale a agi avec responsabilité. En accueillant des responsables politiques en ses locaux, elle devient automatiquement garante de leur sécurité. Doit-on la blâmer pour cela ? Certainement pas. À moins que certains ne soient venus avec des intentions cachées. Par ailleurs, ce cadre était-il réellement prévu pour un échange formel avec le président de la CEI ? Était-ce une rencontre convenue à l’avance ? Rien ne le prouve. Alors, pourquoi vouloir imposer son agenda à l’organe électoral ? En vérité, l’opposition semble chercher la faille. Mais jusqu’ici, elle n’en trouve pas.

Comme à son habitude, la CAP-CI s’attaque également à la liste électorale. Elle dénonce 5 014 479 électeurs qui, selon elle, ne respecteraient pas l’article 7 du code électoral du fait de l’absence des dates de naissance des parents. Elle pointe également des cas de doublons (plus de 125 000) et des anomalies informatiques, allant jusqu’à parler de “mères de moins de 10 ans” ou de personnes “plus âgées que leurs parents”. Il est vrai que la liste comporte des imperfections. Mais ces irrégularités sont le fruit de compromis politiques visant à faciliter l’inscription des citoyens. Ce que le FPI ne peut ignorer, lui qui était au pouvoir en 2009, pas plus que le PDCI, qui a dirigé la CEI jusqu’à récemment. Ce qui surprend, c’est que ceux qui dénoncent ces irrégularités ne se précipitent pas pour saisir officiellement la CEI. Ils préfèrent les conférences de presse. Alors que le contentieux est ouvert. Curieux, non ? Le summum, c’est lorsque la CAP-CI, à partir de ces "épiphénomènes", réclame la création d’un nouvel organe électoral et une refonte totale de la liste électorale. Des exigences tout simplement irréalisables à quelques mois du scrutin présidentiel.

Il devient donc de plus en plus clair que l’opposition cherche à se soustraire à l’échéance électorale, à défaut de pouvoir l’influencer à son avantage. Mais le processus est bel et bien en marche. Et il est irréversible. Reste à savoir si la CAP-CI choisira de monter dans le train... ou de boycotter comme en 2020 où certains membres ont décidé de ne pas y aller.

 

Rahoul Sainfort