Affaire « La Côte d’Ivoire baigne dans une somnolence » : De quel pays parle donc Gbagbo ?

Affaire « La Côte d’Ivoire baigne dans une somnolence » : De quel pays parle donc Gbagbo ?
Laurent Gbagbo gagnerait à redescendre sur terre

Le dimanche 1er décembre 2024 Laurent Gbagbo s’est rendu à Gadoukou, village de la sous-préfecture de Ouragahio, pour soutenir Gadji Celi, artiste chanteur. A l’occasion, l’ex-chef de l’Etat s'est fendu d'un discours dont l'ineffable le dispute à cette forfanterie propre aux politiciens sans réel projet social pour leurs compatriotes.  Morceau choisi d’un discours qui est en total déphasage avec la réalité du moment : « Je suis venu. Nous allons reprendre la marche. Nous allons reprendre le combat là où il était. Un homme qui vit se bat toujours. Nous allons reprendre la marche. On ne peut pas laisser un pays comme ça aller dans la somnolence. On dit que l'argent ne circule pas parce qu'il travaille. Mais moi je veux le faire travailler, je le fais circuler. Je veux le faire circuler comme il circulait avant. C'est quelle histoire ? D'où ça vient cette histoire ? L'argent doit circuler. C'est quand il circule qu'il passe de poche en poche ».

En lisant un pan de ce discours, les esprits ouverts ne peuvent qu’être frappés par toute la mauvaise foi et la démagogie qu'il renferme. Primo, dire de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui qu’elle est dans une somnolence, c'est se moquer de l’intelligence des Ivoiriens. Car ils sont tous témoins, y compris les partisans de l’ancien président, que la Côte d'Ivoire n'a jamais été aussi "réveillée ". Pour emprunter à l’expérience populaire en vogue, on dira : « le pays est debout ». Le pays est, en effet, au travail dans tous ses compartiments. Il ne peut donc pas être plongé dans une somnolence comme l’affirme Gbagbo.

D’autant plus que dans toutes les villes et contrées du pays, de jour comme de nuit, le bruit des machines et autres engins de grands travaux se font entendre pour ouvrir des routes aux Ivoiriens, construire des ponts, des universités, des collèges et lycées, des classes pour la maternelle et le primaire. Pour apporter l’électricité et l’eau potable dans les endroits les plus reculés du pays.

Comment un pays somnole-t-il quand son activité économique déborde d'intensité, le taux de chômage a drastiquement baissé, avec plus de 2 millions de jeunes qui ont accédé à l'emploi ? Un pays peut-il somnoler quand des centaines d'écoles, de lycées et près de dix universités sont sortis de terre? Un pays est-il plongé dans la léthargie quand son taux de couverture sanitaire s'est multiplié par cinq et qu'une structure comme la CMU a pu enregistrer plus de 10 millions d'enrôlés ? L'état de somnolence dont parle Gbagbo ne peut exister que dans son esprit et surtout dans sa volonté de nier la réalité.  Comme le dit un proverbe navajo : « On ne peut pas réveiller une personne qui fait semblant de dormir ».

 

 

Non, Monsieur Gbagbo, la Côte d’Ivoire ne somnole pas

 

Laurent Gbagbo peut-il se souvenir de l’état actuel de la route que le mène d’Abidjan à Gagnoa ? Se rappelle-t-il comment il se rendait dans son Mama natal du temps où il était au pouvoir ? En répondant objectivement à ces questions, le président du PPA-CI devrait comprendre qu’il doit sortir de la bulle dans laquelle il s’enferme. Non, Monsieur Gbagbo, la Côte d’Ivoire ne somnole pas. Au contraire le pays est en chantier. Cela se ressent dans toutes les régions, dans tous les départements, dans tous les villages.

Le président du PPA-CI fait donc fausse route, comme il fait fausse route quand il soutient que l’argent ne circule pas dans les poches. Sauf que contrairement à son époque, il ne suffit plus de passer les journées entières dans les agoras et parlements pour repartir avec des billets de banque. Aujourd’hui, il faut mériter son salaire en travaillant. Les fonctionnaires et agents de l’Etat sont mieux placés pour affirmer que l’argent circule dans leur poche.

Avec eux, tout a commencé en 2013. Cette année-là, le chef de l’Etat décidait de débloquer leurs salaires qui avaient été gelés depuis 1988. La mise en application de cette mesure a coûté à l’Etat ivoirien plus de 616 milliards de FCFA en 2014 et 2015.  De 2013 à 2019, plus de 1 500 milliards de FCFA ont été déboursés pour améliorer les conditions de vie et de travail des fonctionnaires. Ces fonds  ont permis, entre autres, le paiement de la totalité des revalorisations salariales entre 2006 et 2009, le déblocage des avancements indiciaires au profit de l’ensemble des fonctionnaires en 2014 et 2015. Le déblocage des salaires a favorisé une augmentation des revenus des fonctionnaires. Ainsi, les agents techniques de santé ont vu leur revenu augmenter de 69%, les cadres de santé de 72%, les enseignants du primaire de 48%, et les enseignants du supérieur de 22%.  Depuis 2023, le gouvernement a instauré une prime exceptionnelle au profit des fonctionnaires et agents de l’État en lieu et place du paiement d’un 13e mois préalablement sollicité. Payable au plus tard le 10 janvier.  Cette gratification appelée prime ADO représente le tiers (1/3) du salaire mensuel indiciaire de base, pour tous les fonctionnaires et agents de l’État. Depuis son instauration, janvier n’est plus considéré comme le mois le plus long et le plus difficile de l’année.

En plus de la prime ADO, le gouvernement a revalorisé l’indemnité de transport des fonctionnaires et agents de l’État. Elle est passée de 7 000 à 20 000 FCFA. Pour les fonctionnaires et agents de l’État résidant à Bouaké, elle est de 15 000 FCFA contre 7 000 francs par le passé. Quant à l’indemnité des fonctionnaires des autres chefs-lieux de région, elle a pratiquement triplé en passant de 5000 à 15 000 FCFA. Pour les autres localités, cette prime est de 10 000 contre 5 000 par le passé.

Le gouvernement ivoirien ne s’est pas arrêté là. Il a également revalorisé les allocations familiales qui passent de 2 500 à 7 500 FCFA par mois et par enfant.  Désormais, l’indemnité de logement profite aux fonctionnaires et agents de l’État qui n’en bénéficiaient pas jusqu’en 2022. La revalorisation de l’indemnité contributive au logement pour l’ensemble des fonctionnaires et agents de l’État, de 20 000 FCFA. Sur ces deux points, Laurent Gbagbo se trompe donc doublement.

Thiery Latt