Cauchemar sans... fin
Attaques de villages, massacres collectifs, enlèvements, exécutions... Depuis quelques années le Burkina Faso fait face au péril djihadiste. Et la situation, déjà préoccupante sous le régime du président Roch Marc Christian Kaboré, n'a fait que s'empirer quand les militaires ont pris le pouvoir. Mais, c'est surtout sous le règne du Capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir par la force des armes il y a bientôt deux ans, que ce pays du Sahel s'enlise dans le chaos.
Et la boucherie, perpétrée, le samedi 24 août dernier, par des terroristes dans la commune de Barsaligjo, située dans la région du Centre-Nord, à 45 km de la ville de Kaya, en est une illustration écœurante.
Ce jour-là, alors que des populations s'attelaient, aux côtés des forces de défense et de sécurité, à creuser, à la demande de l'homme fort de Ouagadougou, des tranchées pour protéger les postes de sécurité, des individus armés ont surgi pour les mitrailler. Le bilan est lourd : plus de 100 personnes tuées, certaines sources avancent au minimum le chiffre de 150 morts et une centaine de blessés. Au nombre des victimes de ce carnage : des militaires et surtout beaucoup de civils dont des Volontaires pour la défense de la patrie-les fameux VDP- arrachés à l'affection des siens. Si brutalement.
Ce drame témoigne avec acuité de l'horreur que vivent les Burkinabè. Et le cauchemar ne semble pas prêt de finir. Car, le jeune capitaine fougueux est plus prompt à emboucher la trompette du panafricanisme sur fond de mauvais populisme qu'à extirper son pays des griffes du terrorisme qui le défigure, à l'image d'un fauve enragé, de jour en jour.
A dire vrai, derrière ses discours enflammés, Ibrahim Traore cache son incapacité notoire à juguler la menace terroriste, encore moins à l'annihiler. Pourtant, il disait avoir renversé le colonel Paul Henri Sandaogo Damiba au motif qu'il n'arrivait pas à vaincre les combattants terroristes. "C'est au pied du mur qu'on voit le vrai maçon", dit-on. Et à l'épreuve du terrain, le capitaine Traoré étale ses insuffisances et achève de convaincre qu'il ne peut pas et ne fera pas mieux que son prédécesseur. Qui, du reste, avait l'intelligence de préserver ses bonnes relations avec ses voisins. Mieux, il était soucieux, de la cohésion sociale entre tous les fils et filles du Burkina Faso, conscient que sans l'union de son peuple, ce pays ne pourrait pas s'en sortir.
A contrario, Ibrahim Traoré a instauré, sur fond de division, de manipulation et d'intimidation, la terreur totale au Burkina Faso. Prenant pour prétexte la guerre contre le terrorisme, il a étouffé les libertés et éteint toutes les voix discordantes. Tous ceux qui osent porter un regard critique sur sa conduite de la Nation sont arrêtés et envoyés au front. Ainsi, d'anciens ministres, des acteurs de la société civile, des responsables politiques ont fait l'amère expérience de cette déportation qui ne dit pas son nom. Sous le regard amusé et un brin moqueur de certains soldats acquis à la cause du Capitaine Traoré.
Mais, derrière ce spectacle folklorique qui vise à détourner l'opinion nationale de l'essentiel, la réalité est flippante. Pas moins de 60% du territoire-40% lors de l'avènement d'IB, au pouvoir, sont aux mains des groupes terroristes où il n'y a ni administration, ni école, ni centres de santé fonctionnels. À la date du 31 mai 2023, plus de 6000 écoles étaient fermées à cause de l'insécurité. Ce n'est pas tout car, selon les rapports, le Burkina Faso est le premier pays du continent et le deuxième pays au monde le plus touché par le terrorisme, avec 8564 victimes, derrière l'Afghanistan. A cette allure, le pire est à craindre s'il n'est déjà atteint... Disons-le tout net, le Burkina Faso ne pourra pas gagner, seul, et en l’état actuel de sa stratégie militaire basée sur les mercenaires russes, cette guerre, même avec l'appui des deux autres pays de l'AES. Sauf si et seulement IB change de paradigme.
D'abord, il doit améliorer ses relations avec l'ensemble de ses voisins et ensuite solliciter leur appui pour une riposte commune contre les terroristes. Ne dit-on pas que l'union fait la force ? Il y va de la survie des populations du Burkina Faso.
Charles Sanga