Toumodi-Nzrama festival -Ally Coulibaly (grand chancelier de l’ordre national) : « Le Président Ouattara est convaincu que la culture est un instrument privilégié pour consolider la cohésion entre Ivoiriens »
Parrain de la 2ème édition du Nzramah festival, le Grand Chancelier de l'Ordre National, SEM Ally COULIBALY était, jeudi 13 novembre dernier, à Toumodi. Il en a profité pour faire un discours aux allures de défense des alliances interethniques pour la consolidation de la cohésion sociale. Ici, l’intégralité de son intervention.
Monsieur le Premier Ministre Robert Beugré Mambé ;
Madame et Messieurs les Présidents d’Institution ;
Madame et Messieurs les Ministres d’Etat ;
Madame et Messieurs les Ministres ;
Monsieur le Ministre, Président du Conseil Régional du Hambol ;
Dr. Raymonde Goudou Coffie, Ministre-Gouverneure du District Autonome des Lacs, Présidente du N’zrama Festival ;
Monsieur le Ministre-Gouverneur de la Vallée du Bandama ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Corps préfectoral ;
Honorables Députés ;
Vénérables Sénateurs ;
Monsieur le Maire de Toumodi ;
Monsieur le Maire de Katiola ;
Populations du District Autonome des Lacs et de la Région du Hambol ;
Honorables invités d’ici et d’ailleurs ;
Mesdames et Messieurs ;
La seconde édition du N’zrama Festival se tient dans un environnement national à la fois paisible et une atmosphère empreinte de sérénité. Nous ne pouvons que nous en réjouir, tant il est vrai que rien ne peut se bâtir durablement sans un climat de quiétude.
À la veille de la journée nationale dédiée à la Paix, il est bon de rappeler que, fort heureusement, nous ne nous sommes jamais habitués à la guerre. Il est également réjouissant de noter que la Paix tend à devenir une routine appréciée de tous. C’est ce qui rend possible une telle manifestation d’envergure, avec un contenu si dense.
L’on peut d’ailleurs dire, sans grand risque de se tromper, que l’agencement judicieux des thématiques reflète parfaitement les préoccupations qui ont toujours été celles de notre pays : à savoir, faire se rencontrer volontés, savoirs et talents en faveur du développement national qui passe aussi par celui de nos différentes régions. Ce sont autant de raisons qui expliquent notre présence ici, ce matin, en cette terre généreuse et de rencontres fructueuses.
Merci Madame la Ministre-Gouverneure Raymonde Goudou Coffie, de votre invitation que nous aurions peut-être sollicitée si elle n’était pas venue spontanément.
Cette région ne laisse aucun de nous indifférent pour de multiples et évidentes raisons.
Le dynamisme et l’énergie que vous déployez dans toutes vos actions sont connues, donnant ainsi le sentiment bien réel d’être partout à votre aise, dans vos différentes fonctions. Sans même parler de votre « hyperactivisme » dans le domaine des actions sociales, du leadership, aussi bien au plan national que sous des longitudes dont l’éloignement dissuaderait plus d’une personne. Vous avez été, vous êtes au centre de nombreuses associations toujours comme fondatrice, membre éminent ou dirigeante.
Madame la Ministre,
Si je devais énumérer ces associations et clubs services, ce serait une longue litanie. Le point commun entre ces actions c’est qu’elles sont toujours tournées vers le progrès humain. Votre belle trajectoire professionnelle est un exemple édifiant pour de nombreuses personnes. Mais ce qui frappe également, c’est bien cette volonté de transcender les déterminismes pour exceller dans bien des domaines différents. J’aimerais volontairement imaginer la fierté qu’aurait ressentie un lointain confrère journaliste. Je veux parler de votre père, Charles Goudou, homme de radio avant les indépendances qui a sans doute contribué à faire éclore cette curiosité toujours en éveil qui vous anime. Tout comme, sans doute, votre esprit d’ouverture qui lui doit beaucoup, lui qui était venu de ces Antilles à la fois si éloignées et si proches.
Merci de ton invitation, chère Raymonde.
Mesdames et Messieurs,
Me trouvant en ce jour et en ces lieux, comment ne pas rendre un hommage appuyé à deux illustres grands frères ?
Le nom de Camille Alliali se confond avec cette région. C’est un grand témoin parmi les témoins ; un homme tout de pondération, un esprit subtil qui a vécu toutes les pulsations de la Côte d’Ivoire. Plus que quiconque, le doyen Alliali, fidèle parmi les fidèles du Président Félix Houphouët-Boigny, qui n’est pas un étranger au Hambol, et auquel le Hambol n’est pas indifférent, sait la force des alliances dans cette vaste région métissée qui considère la tolérance et la compréhension mutuelles comme faisant partie des vertus cardinales.
L’autre grand frère qu’il me plait de saluer avec une égale sincérité, est le Ministre Patrice Kouamé. Celui-ci a été à la tâche jusqu’à ces dernières années, avec une grande détermination. Je peux en porter témoignage pour avoir eu de nombreux échanges avec lui dans le cadre du Conseil de l’Entente qu’il a tiré de sa léthargie avec efficacité et diplomatie, à la demande pressante du Président Alassane Ouattara, son compagnon de longue route.
Honorables invités d’ici et d’ailleurs,
Aucune occasion n’est de trop pour aller vers la cohésion. Une cohésion qui n’est pas donnée une fois pour toute, mais qui se construit jour après jour.
Ainsi, cette belle initiative qui nous rassemble ce matin s’inscrit dans le droit fil de la politique de réconciliation nationale impulsée par le Président Ouattara après les années âpres que le pays a connues.
Quand on évoque son bilan depuis son accession au pouvoir, les bons résultats économiques sont certes l’objet de très grande fierté, mais, au-delà, le retour à la paix restera un élément particulièrement important. C’est dire qu’une telle rencontre va certainement dans le sens souhaité : consolider la cohésion entre Ivoiriens, entre tous les habitants de notre pays en vue de faire du « vivre ensemble » une réalité de tous les jours.
À cet égard, pour l’évoquer souvent et depuis bien longtemps avec lui, le Président Ouattara est convaincu que la culture est un instrument privilégié pour atteindre et réaliser cet objectif essentiel de l’entente retrouvée. Et qui doit être préservée.
La Côte d’Ivoire a l’exigeant privilège d’abriter une soixantaine d’ethnies qui se rencontrent, échangent, sur la base d’emprunts réciproques. Cette grande diversité s’exprime dans le riche éventail des activités culturelles et spirituelles au sens le plus large. Qu’il s’agisse de religions, de croyances, de modes de vie vestimentaires ou culinaires. Qu’il s’agisse encore de musique, de danses, d’arts en général. Une formidable mosaïque humaine dont l’énergie culturelle et la créativité ne demandent qu’à être stimulées, exaltées et valorisées dans le creuset de l’unité nationale.
Sans toujours nous en rendre compte, nous assistons à un renouveau culturel ivoirien qui, pour garder tout son sens doit concilier l’unité et la diversité ; harmoniser la tradition authentique et la modernité tant désirée. Pour ce faire, il s’agit de combattre les préjugés et les stéréotypes mutuels qui jalonnent encore hélas, notre quotidien et qui ne doivent pourtant pas encombrer notre horizon. Toutes ces idées reçues, à la fois mère et fille de l’ignorance, sont autant de freins qui empêchent de mieux se connaître pour mieux se comprendre. L’ignorance est en effet, comme l’écrivait Victor Hugo, « un tyran pour l’homme».
Chacun doit donc pouvoir s’arracher à cette servitude pour cultiver une double loyauté au sens noble du terme et qui consiste à rester fidèle à son héritage ancestral tout en appréciant celui de ses voisins. Ainsi, dans le paysage apaisé de ces cultures réconciliées, tous pourront aller, confiants au grand rendez-vous du « donner et du recevoir », si cher à Léopold Sédar Senghor.
Mesdames et Messieurs,
Certains thèmes de ce festival, de notre festival, permettront, j’en suis persuadé, des échanges riches autour des alliances ethniques.
Ce concept dont les racines plongent dans la nuit des temps, a fait l’objet de recherches anthropologiques majeures aussi bien ici même chez nous, que dans toute l’Afrique de l’Ouest et dans le monde. Et, toutes ces études établissent qu’il s’agit là d’un véritable outil qui facilite la cohabitation entre des groupes hétérogènes. Nous sommes loin, en somme, de la seule dimension folklorique et de la version dégradée de ce beau concept. C’est une sorte de pacte qui ne dédaigne certes pas les taquineries réciproques, mais garde une forme de respect, en évitant tout mépris.
En réalité, cette pratique des alliances ethniques a des vertus cathartiques parfaitement reconnues. Au point que de solides plaidoyers la considèrent comme faisant déjà partie du patrimoine immatériel de l’Humanité.
Pour utile qu’elle soit, « l’alliance » n’est pas la panacée, encore moins la solution miracle à tous les conflits. Et ce n’est pas à Goudou Raymonde, la spécialiste de galénique que l’on fera croire que l’effet « placebo » suffit à soigner durablement tous les maux. Il faut plus d’efforts à la fois soutenus et substantiels.
Toutefois, nous sommes tous d’avis que « l’alliance ethnique » recèle des principes actifs qui en font un excellent outil susceptible de désamorcer, dédramatiser bien des mésententes en les tarissant à leur source. Il ne s’agit de rien moins, en effet, que de gommer certaines aspérités en invoquant et en évoquant, ne serait-ce qu’à minima, des référentiels communs.
Les alliances interethniques sont pertinentes de par leur capacité à inclure le jeu, la dérision, la plaisanterie dans la crudité des rapports sociaux. Certes, elles ne sont pas une panacée ou des clés qui ouvrent toutes les portes. Oui, il y a toujours des alliés qui se battent pour de vrai.
Mais, partout où on peut susciter les vertus de pacification et de médiation pour réguler les intérêts privés ou la paix dans les ménages, c’est la République qui s’en porte mieux.
Amadou Hampâté Ba disait : « il n’y a pas de petite querelle ». La dispute entre deux lézards peut, de contagion en contagion, emmener, les morts de toute la basse-cour, de toute la maisonnée.
Monsieur le Premier Ministre,
Honorables invités,
La cohabitation millénaire entre les peuples finit toujours par produire aux interfaces, des liens culturels, un heureux brassage qui transforme les barrières en passerelles et transforme, in fine, les parentés fictives en parentés réelles.
Au demeurant, nos régions et nos populations n’ont, fort heureusement, pas de rapports antagoniques. Et les tentatives épisodiques, du reste, marginales, de faire macérer des conflictualités factices sont, plus que jamais, vouées à l’échec. Les dividendes de la paix sont une réalité palpable que chacun sait apprécier.
D’ailleurs, il s’agit désormais de dépasser la simple coexistence entre régions, pour transformer ces fameuses alliances géo-ethniques en véritables alliances économiques régionales. La complémentarité des terroirs nous enjoint, en effet, d’aller vers des projets communs, en sortant ainsi, dans le respect des règles bien sûr, de nos claustrations administratives.
De ce point de vue, les villes relais et régions étapes comme les vôtres, ont un rôle essentiel à jouer. C’est bien elles qui seront les bassins de croissance de demain, au moment où s’accélère la mutation de notre économie. Dès que les infrastructures permettent de réduire les contraintes logistiques, comme c’est désormais le cas, cela cesse d’être une utopie ou une vue de l’esprit.
Mesdames et Messieurs,
Je crois que cette vision apparaît en filigrane dans l’agencement des points forts de N’zrama Festival, qui allie donc la Culture au sens large et l’Economie qui aspire à innover. Comment, dès lors, ne pas adhérer et encourager fortement une telle initiative ?
Je ne peux, par conséquent, que lui souhaiter plein succès, encore plus de moyens nécessaires afin de le pérenniser.
Excellent festival à toutes et à tous !
Je vous remercie de votre très aimable attention.